SF ou fantastique ?

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SF ou fantastique ?

Nuit des idées : "être vivant" (Collège de France, 2020)



On est accueilli en grande pompe au Collège de France pour cet événement international organisé par l'Institut Français qui fait débattre spécialistes et grand public sur une multitude d'idées, liées cette année au thème "être vivant".



Le programme proposé cette année par le Collège de France est riche et varié, alterne sciences exactes et sciences humaines, chercheurs et artistes, sur des sujets qui montrent la diversité des manières de comprendre le thème "être vivant". D'ailleurs, en introduction, l'anthropologue Perig Pitrou (CNRS, Collège de France, Université Paris-Sciences-Lettres) nous rappelle que le mot "être" peut désigner un nom comme un verbe, ce qui augmente les interprétations possibles de ce thème.

18h00-20h00 : Des êtres vivants et des artefacts 
Programmation proposée par l’équipe Anthropologie de la vie.

Table-ronde 1 | Aux origines de la vie 

"L’observation de planètes extra-solaires et l’exploration du système solaire, couplés aux avancées en biologie et physico-chimie, a réactualisé les questions liées aux conditions d’apparition de la vie sur Terre ou une exoplanète lui ressemblant. En présentant les résultats les plus récents dans le domaine de la planétologie et de la modélisation des systèmes vivants, on réfléchira, dans une perspective anthropologique, à la place des techniques humaines dans la connaissance des êtres vivants et aux problèmes soulevés par la question de l’origine." 



Avec 
  • Ludovic Jullien, chimiste, ENS, PSL/Sorbonne Université, 
  • Stéphane Mazevet, astrophysicien, Observatoire de Paris, PSL, 
  • Perig Pitrou, anthropologue, CNRS, Collège de France/PSL.

"On est vivant dès lors qu'on est nourri de différentes manières."

Ce pourrait être la définition du vivant et de la soirée, comme les intervenants vont nous le détailler durant une heure.

Au niveau biologique et chimique, tout est question de molécules et de la manière dont elles s'organisent. Une cellule fabrique et détruit, autant l'un que l'autre : c'est la propriété unique du vivant. La vie est la capacité du vivant à orienter la cellule vers un être (grenouille) ou un autre (petite fille), à partir d'un état initial chimique qui est le même pour tous les êtres vivants, à partir d'une nourriture (eau, soleil, nutriments) qui est la même pour tous. La vie n'est pas l'intelligence ; la vie est un être qui échappe à la mort grâce à la consommation et à la dissipation d'énergie en lien avec l'environnement. La vie est un système déséquilibré : un système équilibré est mort. La chimie organique fonctionne comme la chimie minérale.

Recréer la vie : avant on essayait de synthétiser des molécules (briques du vivant), mais on s'est rendu compte qu'avoir des molécules inertes qui ne fonctionnent pas (absorption/émission d'énergie) n'est pas le vivant. Les molécules doivent interagir entre elles, faire système

Au niveau de la physique, la définition de la vie, c'est l'eau : il n'y a donc de vie que sur Terre. Il n'existe pas d'activité biologique en-dehors de la Terre : l'exobiologie n'est donc que théorique (son application d'étude n'existe pas).

Au moment où le public pouvait poser des questions, j'ai osé poser une question qui me taraude dans les domaines à la fois scientifique et de science-fiction : peut-on imaginer de la vie qui ne soit pas comme celle qu'on connaît sur Terre, qui ne dépend pas de l'eau et de l'énergie d'une étoile comme le Soleil ?
Réponse : sur une autre planète, les processus seraient différents, donc on obtiendrait d'autres créatures ou systèmes que sur Terre. La vie telle qu'on l'envisage aujourd'hui, telle qu'on la définit, n'est pas possible ailleurs que sur Terre car l'eau et une étoile sont indispensables. Après, on pourrait envisager de changer la définition du vivant. Une tempête, qui naît, se déplace, grossit, s'épuise, disparaît, est-elle vivante ? Les spécialistes reconnaissent qu'il n'y a pas encore de définition claire et définitive du vivant. Mais la définition du vivant sur Terre, c'est l'eau, le Soleil, le carbone.
Merci pour cette réponse détaillée et claire !


20h00-22h00 : Les vies des idées 
Programmation proposée par la Vie des idées

Table-ronde 1 | La vie spectrale

animée par Etienne Peyrat, rédacteur en chef à la Vie des idées, avec :
  • Mathieu Orléan, commissaire de l’exposition Vampires à la Cinémathèque ; 
  • Caroline Callard, historienne, auteur du Temps des fantômes. Spectralités de l’âge moderne,
  • Stéphanie Sauget, historienne spécialiste des imaginaires spatiaux du XIXe siècle .


La Vie des idées est une revue qui transcende les frontières et les disciplines et se centre sur les idées, d'où qu'elles viennent.

Mathieu Orléan nous explique qu'une exposition est un medium génial pour tous les arts, toutes les sciences sociales : le vampire s'y prête totalement. Depuis le Nosferatu de Murnau, le vampire n'a cessé de se régénérer, ce qui en fait une métaphore du cinéma qui, comme lui, tue la mort. C'est un dialogue ontologique qui se déplie entre le cinéma et le vampire, tous deux aimant l'obscurité de la nuit, l'apparence, le jeu sur le reflet, l'absorption de l'âme de l'acteur et du spectateur...

Aube de la modernité, et rationalisme : on pourrait croire que les créatures surnaturelles disparaissent des goûts du public, mais c'est l'inverse. Les gens en sont friands, sans doute par esprit de contradiction contre trop de positivisme, et peut-être aussi parce qu'ils sentent que les histoires surnaturelles leur apportent un autre symbolisme pour expliquer le monde.
Dans les archives, les fantômes commencent à agir, à devenir palpables. Les vivants se servent d'eux pour leurs petites affaires, ou bien ce sont des âmes en peine qu'il faut aider. Le fantôme n'est pas forcément effrayant, il peut être un recours et aider. Point important : le fantôme a un nom, c'est un proche. La proximité et l'action commune sont recherchées.

Fantômes et vampires sont des morts qui ne veulent pas mourir, qui gardent une part de vivant. Mais les points communs s'arrêtent là : le vampire, contrairement au fantôme des archives de l'époque moderne, est toujours un inconnu, un étranger, menaçant et dangereux. C'est l'altérité totale, contrairement au fantôme qui est un proche disparu dont on a du mal à faire le deuil.

J'ajoute, par rapport au vampire, que pour un mort, il fait beaucoup de choses qui appartiennent normalement au monde des vivants : il se nourrit, il dort, il agit, il communique, il réfléchit, il a des pulsions sexuelles, il peut créer un semblable... Est-on sûr qu'il est censé être mort ?


Création : 30/01/2020

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