De fait, quand on tombe sur des représentations comme l'escalier de Penrose, qui monte et descend en même temps sans jamais s'arrêter (on le voit dans Inception) :
ou sur les constructions mécaniquement impossibles d'Escher :
sans oublier le splendide Pandemonium de John Martin, inspiré par la capitale des Enfers du Paradis Perdu de John Milton :
... on se dit qu'effectivement cette géométrie est une création extraordinaire de l'esprit humain, une pure invention, qui permet dès lors toutes les extravagances, toutes les idées qui nous font sortir de notre univers limité.
Et que dire lorsque c'est Lovecraft, cet écrivain presque fou et génial, qui reprend cette géométrie délirante pour la placer dans ses écrits, notamment ceux qui mettent en scène Cthulhu et les Grands Anciens, ces créatures terrifiantes et toutes-puissantes, mi-dieux mi-extraterrestres ?
"Ignorant tout du futurisme, Johansen atteint quelque chose qui y ressemble fort lorsqu'il parle de la cité. [....] Il avait précisé que la géométrie du lieu de rêve qu'il avait aperçu était anormale, non euclidienne, et qu'elle évoquait de façon abominable des sphères et des dimensions distinctes des nôtres. [...] Le soleil même paraissait déformé dans le ciel lorsqu'on l'apercevait à travers les miasmes polarisants qui sourdait de cette perversion trempée de mer, et la menace dénaturée, l'attente angoissante se tapissait en ricanant dans ces angles follement insaisissables de roches taillées."
La Folie venue de la mer, chapitre 3 de la nouvelle L'Appel de Cthulhu (Merci Aconitblood sur JDRVirtuel.)
Les Grands Anciens, dans Les Montagnes hallucinées, ont créé une architecture bizarre et incompréhensible pour l'esprit humain. Des êtres aussi impossibles vont nécessairement de pair avec des constructions impossibles, et Lovecraft l'a très bien compris, pour le plus grand effroi et le plus grand bonheur de ses lecteurs.
Création : 13/05/2019
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