Maya, de Jostein Gaarder

Le Jocker :

"Quelle est la probabilité pour que quelque chose naisse de rien ? Ou l'inverse, bien sûr : quelle est la probabilité que quelque chose puisse avoir toujours existé ? Ou plus précisément : peut-on calculer la part du hasard dans ce soudain réveil de la matière cosmique qui, un matin, se frotte les yeux et prend conscience d'elle-même ?"

"Qui pouvait se réjouir du feu d'artifice cosmique tant que les bancs de l'univers n'étaient occupés que par la glace et le feu ? Qui pouvait deviner que le premier amphibien assez téméraire pour sortir des basses eaux ne faisait pas un petit pas en rampant mais un pas de géant sur le long chemin qui mène jusqu'au fier regard en arrière du primate sur le point de départ de ce même chemin ? Les applaudissements pour le big bang ont retenti quinze milliards d'années après la déflagration."

"C'est un travail tout à fait remarquable de créer tout un monde ; cela dit, nous éprouverions encore plus de respect si ce monde avait été capable de se créer lui-même. Et vice-versa : la simple expérience d'être créé n'est rien, comparée au bouleversement profond que l'on doit ressentir quand on s'est créé tout seul à partir de rien et qu'on tient debout sur ses deux jambes."

"Le vertébré se retourne brusquement, aperçoit derrière lui la mystérieuse queue de l'espèce dans le miroir rétrospectif de la nuit des années-lumières. A cet instant seulement, le chemin mystérieux a atteint son but et ce but était précisément la conscience du long chemin pour atteindre le but."

Création : 16/08/18