Quelques spoilers...
Les différents personnages du livre se côtoient dans plusieurs univers, celui de la communauté amish, celui de la salle de boxe, celui du journalisme essentiellement. La tension monte progressivement avec des récits de saccage sporadiques, tandis que les personnages s'installent et tentent de se faire une place au soleil.
Mais les destructions empirent et finissent par focaliser l'attention de tous. Owen Brynmor, le renégat de Pennsylvanie envoyé sur place faire un reportage journalistique, mène l'enquête pour comprendre les événements qui d'après les descriptions faites par les habitants hystériques seraient commis par... un démon, un être anormal. Et tandis que la région sombre peu à peu dans le chaos, l'attention se porte sur Ephraïm Bontrager, un jeune amish muet et maltraité qui vit en marge de sa communauté et dont le comportement aberrant, violent et incompréhensible ne cesse de s'amplifier.
C'est là une des (nombreuses) marques de génie de l'auteur. Il crée un loup-garou très différent de ce qu'on a l'habitude de voir ou lire ailleurs. Loin les hommes musclés, poilus et bestiaux, les beaux gosses qui attirent les minettes. Ephraïm est décrit comme chétif, muet, incapable, peut-être un peu idiot. Il est victime d'un père alcoolique et violent, il est plus ou moins rejeté par sa communauté, il est maltraité par les "Habits rouges" (Américains anglo-saxons) ; bref, c'est la victime par essence. Et c'est ainsi qu'une malédiction ancestrale, venue de l'Europe du XVIIe, va ressurgir pour bouleverser la vie de ce lointain descendant de Peter Stumpf hanté par une histoire familiale malsaine et dangereuse.
La campagne et la ville sont à présent à feu et à sang. La guerre civile menace entre les "Habits rouges" et les "Gens simples", entre les policiers et Ephraïm, entre Ephraïm et le reste de l'univers. A ce moment, Ephraïm n'est plus lui-même, au fur et à mesure que le monstre grandit en lui et réclame vengeance. Ephraïm se recroqueville sur lui-même dans un état quasi catatonique. Son corps souffreteux est couvert de plaies purulentes et de traces de coups. Il dégage une puanteur infernale, mélange de fumier et de pourriture. C'est l'anti-héros par excellence, et c'est ce qui fascine et effraie, car on comprend que son état se dégrade de manière anormale à mesure que le Loup prend de l'ampleur. Un Loup démoniaque qui est vraiment terrorisant.
Le pire finira par être évité, mais on reste longtemps sous le choc de ce personnage à la fois normal et maudit, victime et bourreau, ainsi que de sa famille beaucoup plus sombre et complexe qu'on le pensait au début.
Une très belle création littéraire.
Création : 19/09/18
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Tous les commentaires pertinents et respectueux sont les bienvenus.