SF ou fantastique ?

SF ou fantastique ?
SF ou fantastique ?

Damasio : 2. Celui qui pense et qui parle

Captp, le professeur de philosophie anarchiste

Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’auteur s’est projeté dans le personnage principal de La Zone du Dehors : il aurait manifestement souhaité être ce personnage. La trentaine, professeur d’université aimé de ses étudiants, modèle à suivre pour ses amis révolutionnaires, même son « nom » est un vrai programme car il rappelle le mot « capitaine » - ce que ses amis ne manquent pas de souligner.

Dans le roman, c’est celui qui sait réfléchir au lieu d’être dans l’action brute et insensée, c’est aussi celui qui sait faire réfléchir les autres – et pas seulement ses étudiants. Sa maîtrise de la langue et du discours est à l’égal de ses capacités réflexives, à tel point que le gouvernement finit par considérer ses propos comme aussi dangereux qu’une action politique – avec Captp, le discours devient un acte politique. C’est clairement le pouvoir du logos, de la parole maîtrisée, et en même temps de la langue détournée et recréée pour lui donner un autre sens, pour lui redonner de la vie et de la liberté.

Sov Strochnis et El Levir, les scribes

Ces deux personnages (La Horde du Contrevent et « El Levir et le Livre ») ne pratiquent pas de parole politique ou révolutionnaires, mais ils maîtrisent le langage et sa graphie : l’auteur les qualifie de « scribes », terme un peu surprenant pour notre époque. Le terme « écrivains » leur conviendrait-il ? Ils ne font pas de simples romans, ils tentent de transcrire une réalité transcendante, ils tentent d’adapter le langage et le fait même d’écrire pour saisir la vérité des êtres et des éléments.  

Caracole et Clovis Spassky, les troubadours

Pendants des deux précédents, les troubadours (La Horde du Contrevent et « Les Hauts© Parleurs© ») sont ceux qui disent la langue au lieu de l’écrire, ce sont les rois de l’oral – et de l’improvisation. Damasio en profite pour s’en donner à cœur joie sur les calembours et tous les jeux de mots que la langue française lui permet, et il y en a beaucoup, parfois même trop. Et Damasio considère le travail de la langue comme un acte politique révolutionnaire : or on voit mal comment un calembour sur le mot « chat » peut aider une révolution...


Création : 10/09/2015

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