SF ou fantastique ?

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SF ou fantastique ?

Colo Panic Cinema 2022 ! Mister Babadook et A Girl Walks Home Alone At Night

Ce samedi 9 juillet 2022, direction le Forum des Images pour profiter de la Colo Panic Cinema !

Deux films au menu ce soir : 

Mister Babadook





[SPOILERS]

Ce film est lunaire, il commence de manière presque onirique, peu clair, comme détaché du monde. On le voit à travers les yeux de la mère, et on comprend que cette réalisation reflète son monde intérieur : elle ne se remet pas de la mort de son mari, décédé lors d'un accident de voiture le jour de la naissance de leur fils, et elle ne parvient pas à se reposer, à s'occuper correctement de son fils, de sa maison, de son travail, de sa vie personnelle. Sept ans que ça dure...

Son fils est un bonhomme très particulier, sans qu'on sache au juste où résident ses particularités. Il a la tête de quelqu'un qui n'a jamais dormi de sa vie, il dit ce qu'il n'est pas censé dire, il fait parfois des choses étranges, et évidemment il fait peur aux enfants de son âge (voire même aux adultes).
Et puis il fait de violents cauchemars nocturnes, ce qui oblige sa mère à passer une bonne partie de la nuit, tous les soirs, à lui montrer que non, il n'y a pas de monstres sous les meubles ou dans les placards. 
Et il est accroché à sa mère, presque toute la nuit et toute la journée. A tel point que ça devient pathologique : il fait un peu peur aussi à ce niveau là. Sa mère est trop épuisée pour réagir, elle ne sait pas comment l'aider, ni comment s'aider elle-même. La situation paraît sans issue, et on a peur du gamin.

Et puis, lors de la traditionnelle lecture du soir, mère et fils tombent sur un album qu'ils ne connaissent pas encore dans l'armoire de la chambre : "Mr Babadook". Il ressemble à un album de jeunesse, alors, c'est parti pour une jolie petite lecture enfantine !
Et bien en fait non. L'histoire vire vers l'horreur, on ne montrerait pas ces dessins à un enfant (ni même à un adulte), la mère de famille commence à vraiment avoir peur, et tout d'un coup le "babadook" se matérialise...

C'est un monstre qui cherche à entrer chez vous, et quand il y est, il y reste éternellement. Il veut entrer, et il veut l'enfant. L'horreur, les visions s'installent.
Et comme l'enfant était déjà effrayant, il le devient encore plus. "Ne le laisse pas entrer", "je te protège si tu me protèges", on ne sait plus si le monstre est lié ou pas à Samuel, si celui-ci est possédé, ou sa mère, si l'un des deux cherche à tuer l'autre, comment repousser le monstre... Des pièges sont tendus dans toute la maison, mais contre qui finalement ?

Et au paroxysme de l'horreur, Amelia finit par trouver en elle l'énergie de défendre son fils et son foyer : elle se redresse, hurle au monstre de partir et parvient à lui faire peur et à l'enfermer dans la cave.

C'est bien vrai : une fois que le Babadook est chez vous, il y reste. Mais le monstre - tous les monstres - peut avoir peur à son tour et être enfermé dans la cave, où il suffit de le nourrir (?) pour qu'il se tienne tranquille.
Samuel ne fait plus de cauchemars nocturnes. Il dort bien, il se porte bien. Sa mère aussi. Elle est enfin reposée et épanouie. 
Leur vie peut enfin commencer. Le monstre est enfermé. Celui de la mère et celui de son fils.


A Girl Walks Home Alone At Night





J'ai dû partir avant la fin pour ne pas rater le dernier RER, mais l'impression laissée par la première moitié du film est un peu mitigée. 

C'est un film d'ambiance, lent, où l'action peine à démarrer. Donc quand on le regarde tard le soir (passé 23h), c'est un peu soporifique.
Le côté noir et blanc du film réussit bien à renforcer l'esthétique du film, qui au moins au début est le principal intérêt. J'ai aussi été un peu surprise par cette esthétique propre à ce film car les décors, les rues, la ville sont clairement laids, désordonnés, sales. Les personnages sont souvent eux-mêmes laids, à l'intérieur et à l'extérieur. On est bluffé par l'esthétique cinématographique avant de se rendre compte que cette ville moyen-orientale fictive, Bad City, est en fait vraiment très laide.

Ce qui fait la beauté du film, c'est son esthétique, son noir et blanc, sa lenteur, son ambiance hors du temps, bref c'est la manière dont l'héroïne perçoit la ville et les gens qui l'entourent. Elle est une vampire. Elle est au-delà du temps, des accidents et des nécessités de la vie, au-delà d'un relationnel fatalement éphémère avec les humains.

Alors elle se promène, sans crainte dans cette ville où tout est à craindre. Violences, viols, drogues, prostitution, les éléments habituels nous sont infligés sans concession, mais elle survole tout ça et renverse les rôles. Elle cherche le dealer de drogue que tout le monde redoute, elle le voit comme un repas alors que lui-même est persuadé en la ramenant chez lui qu'elle est sa prochaine "conquête", elle possède une force surnaturelle alors qu'il est persuadé que le rapport de force joue pour lui, elle est voilée alors qu'elle n'hésite pas à aller vers un inconnu et à le suivre chez lui (il est amusant de voir que lui n'a pas l'air de trouver ça étrange, sûr qu'il est de son pouvoir de séduction), elle est une femme alors que c'est elle au fond qui contrôle tout dans cet univers totalement masculiniste. 

Autour d'elle, les gens essaient de continuer leur vie comme ils le peuvent, entre soucis financiers et soirées en boîte de nuit. Pas elle. Elle rôde partout, dans les rues, les appartements, les soirées.  
Le monde est à sa merci.

Il faudrait quand même que je le voie en entier.


Création : 09/07/2022

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