SF ou fantastique ?

SF ou fantastique ?
SF ou fantastique ?

La tour, Etrange festival, FDI

A l'occasion de l'Etrange festival (que j'adore toujours autant !) au Forum des Images : La Tour, aussi appelée La Tour d'Assitan (?)


Un film bizarre, qui met un peu mal à l'aise.
Je pense qu'on peut dire que c'est du vrai fantastique : un contexte tout à fait réel et cruellement banal, de nos jours, dans notre vie. Un événement dur, inexplicable et qui restera inexpliqué. La survie, la recherche d'explication se met en marche, mais le film montre que c'est perdu d'avance. 

[Spoilers, TW faits choquants]


Un jour, les habitants d'un immeuble-tour, dans une cité miteuse de banlieue, se rendent compte que leur tour est coupée du reste du monde. Un noir profond entoure la tour, tous les objets qu'on y envoie disparaissent, ou se retrouvent coupés en deux... y compris les gens.

Passées la première surprise, la première horreur, les tentatives s'enchainent. A-t-on un réseau internet ou téléphonique ? A-t-on de l'électricité, de l'eau, des réserves de nourriture ?
Rien. On ne reçoit plus rien de l'extérieur. 

Face aux vaines tentatives de compréhension du phénomène, les urgences s'installent presque malgré eux : il faut manger. Et il faut se supporter.
Ce seront les deux grandes thématiques développées pendant l'essentiel du film : trouver, fabriquer de quoi manger ; et lutter contre la violence d'autrui.

Les clans se regroupent comme ils se regrouperaient dans n'importe quelle autre circonstance : essentiellement par ethnies, par mode de vie, par habitudes. Sauf que la violence se déchaine vite, que les ressources sont limitées, et que la faim et la folie naissante poussent à commettre des horreurs.

En vue de se nourrir, certains se mettent à élever des insectes, d'autres les petits de leurs animaux de compagnie, d'autres... des bébés. Les "bouffeurs d'insectes" gardent les insectes sous clef, les gamins volent les animaux des autres, les "mangeurs de bébés" font des cérémonies religieuses de bénédiction des femmes enceintes dont les nourrissons nourriront toute la communauté religieuse. On sent à ce moment que les habitants de la tour ont bel et bien perdu leurs esprits.

Quant à se supporter les uns les autres, la tour devient un véritable enfer créé par ses habitants. Portes barricadées, trous creusés dans les parois, les sols et les plafonds des appartements pour passer facilement chez les autres membres de son clan, la tour est vite méconnaissable et le danger le plus pressant n'est pas forcément de mourir de faim. On balance par la fenêtre ceux qui n'ont pas suivi de nouvelles règles en vigueur.

Le personnage principal du film, une jeune femme qui perd sa mère puis son petit frère, tente de rester en marge de la folie ambiante. Elle reste enfermée chez elle, va chercher un peu de nourriture quand elle n'en peut plus. Elle finit par adopter le bébé d'un couple qui vient de mourir, juste pour avoir un peu de compagnie, un petit être à dorloter pour remplacer le petit frère disparu.

Puis l'épuisement arrive. Trop de morts, trop peu de nourriture, les survivants ne sont plus que des pâles figures d'eux-mêmes. C'est la fin.

Juste avant la fin du film, le petit garçon demande à sa grande sœur d'adoption :
-Dis, ça fait quoi, de mourir ?
Et la réponse :
-Ben ça fait rien.


Ce film est une sorte de coup de massue assez désagréable, sur la nature humaine, la survie, la mésentente entre les hommes, l'absence complète d'héroïsme, et jusqu'où on est capable d'aller dans une situation de ce genre. Ici, pas de héros ni de happy end, juste une réalité, celle que l'on connait tous les jours.

Du point de vue du réalisme, il y a quand même des choses qui me posent problème, justement parce qu'elles ne sont pas réalistes.
La temporalité de l'histoire s'étend sur 3 ans peut-être, sans aucun apport de ressources venant de l'extérieur (sauf l'oxygène ?). Non, on ne peut pas survivre des années avec seulement quelques insectes, des plantes, des portées d'animaux. Quant à l'horreur ultime [TW], les grossesses en vue de consommation, non, on ne peut pas faire vivre une communauté de quelques dizaines de personnes avec 9 mois d'attente pour consommer l'équivalent de 2 grosses dindes.
Sans électricité, on ne peut pas non plus avoir de la lumière pendant si longtemps, sans piles de recharge pour les lampes de poche, sans bougies en stock suffisant.
A-t-on de l'eau pour les habitants, leurs animaux ? On ne peut pas tenir aussi longtemps avec quelques bouteilles en stock.
Par contre, l'aération n'a pas l'air de poser de problème : sans renouvellement de l'air, les habitants n'auraient pas tenu plus de quelques jours...

Bref, ce film est clairement centré sur les réactions humaines face à un événement étrange qui bouleverse leur vie et les met au pied du mur. Je ne le regarderai pas une seconde fois, même s'il est techniquement intéressant.


Création : 17/09/2022

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