La Zone du Dehors est ce qu’on pourrait appeler un roman politique : il déploie un monde futuriste qui s’inspire clairement de 1984, une véritable utopie sociale présentée comme paradisiaque mais contre laquelle les personnages du roman ne cessent de lutter. Plus que la fameuse « zone du dehors » éponyme, c’est cette société maladivement cadrée qui est au centre du roman – c’est le combat contre ce système qui donne une raison d’être aux personnages.
Extérieurement,
cette société donne des gages de monde idéal : les journées
de travail ne sont que de 4 heures, les gens ont droit à un certain
nombre de jours d’absence non justifiés, et tout vise
l’hyper-sécurité à un point qui relèverait presque de la
paranoïa.
Cependant, sans
aller jusqu’à la violence affichée dans l’œuvre de George
Orwell, ce roman met en scène une pression sociale et politique bien
réelle. L’exemple le plus criant en est bien sûr les noms des
personnages – des lettres qui ne servent qu’à indiquer la
position sociale et qui changent au fil du temps, comme nous l’avons
vu dans la première partie. Quoi de plus insidieux que de priver les
gens d’une identité propre et de les contraindre à s’assimiler
à une réussite sociale éphémère et destructrice ?
Privatiser le monde : la critique de notre système capitaliste
L’idée de lutte contre le système économique et politique du capitalisme outrancier, faisant écho à La Zone du Dehors, est reprise dans deux nouvelles du recueil.
Privatiser le monde : la critique de notre système capitaliste
L’idée de lutte contre le système économique et politique du capitalisme outrancier, faisant écho à La Zone du Dehors, est reprise dans deux nouvelles du recueil.
Dans « Les Hauts© Parleurs© », les mots ne sont plus libres – nous devons payer pour pouvoir les utiliser. Dans leur implacable marche vers la marchandisation complète du monde, les multinationales sont parvenues à privatiser le langage, en commençant par la marque Orange©. Ce texte est assez réaliste et douloureux d’actualité : oui, le mot « orange » est effectivement une marque déposée. A quand le reste du vocabulaire ?
Dans « Le bruit des bagues », ce sont les rues qui sont privatisées - qui sont interdites : on ne peut plus se promener où l’on veut dans la ville. C’est comme si l’espace se resserrait autour de nous, comme si la ville devenait une prison où seules quelques rues étaient accessibles. La privatisation chez Damasio, c’est l’enfermement.
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