Dune, de Denis Villeneuve, au Grand Rex

Dune !

Je n'ai pas forcément compris toutes les scènes (comme avec la version de David Lynch d'ailleurs), et j'ai été un peu surprise par le choix de l'acteur Timothée Chalamet (c'est un gringalet qui a priori ne dégage pas grand-chose), mais j'ai quand même été impressionnée par le film, son ambiance esthétique (visuelle et sonore), et finalement par le jeu du fameux Timothée Chalamet qui incarne très bien le personnage construit par le réalisateur à partir de l'œuvre de Herbert. 

Dans ce film, Paul Atréides est un jeune homme qui nait malgré lui dans une famille prestigieuse et politiquement condamnée ; un jeune homme qui naît malgré lui avec des dons particuliers qui lui assurent un destin hors-normes. L'a-t-il choisi ? L'aurait-il choisi s'il avait eu son mot à dire ? Rien n'est moins sûr. Il donne l'impression d'avoir juste envie de vivre une vie normale et heureuse avec ses parents et son entourage qui l'aiment. Il se sent trop petit, pas à la hauteur du destin qui ne lui laisse pas le choix. Et franchement, on le comprend. On se met à sa place, on s'identifie à lui, on se demande ce que nous on aurait fait, et soudain on se sent tout petit nous aussi. 

J'ai trouvé les autres personnages bien réussis également, bien campés. Le casting est impeccable, en particulier Jessica, qui a quand même plus de substance que dans l'autre adaptation (en même temps, c'est pas difficile), et qui est une femme de caractère, à la fois une mère aimante et prête à tout pour préparer son fils, et une Bene Gesserit redoutable. 

Le couple qu'elle forme avec Léto est aussi plus crédible, plus complexe, plus intéressant que dans l'autre adaptation. On sent enfin la dimension politique autant qu'amoureuse de ce couple, et ce n'est pas trop tôt. Un Duc politiquement important et une Bene Gesserit, ça n'est quand même pas l'alliance la plus simple. Jessica qui désobéit à son Ordre pour l'amour du Duc, mari qu'elle n'a pas choisi, c'est aussi quelque chose de narrativement complexe. Pourtant elle donne quand même une éducation Bene Gesserit à son fils, alors qu'il n'appartient pas à l'Ordre, et que le Duc Leto est à deux doigts de réprouver. D'ailleurs on sent que les autres personnages sont un peu décontenancés face à la situation. Vers qui vont les fidélités des uns et des autres ? Qui est capable de quoi ? Même le roman n'a pas tant que ça approfondi cet aspect des relations entre personnages (il me semble). C'est une des forces de cette adaptation. 

Une autre belle surprise, c'est Chani. Le personnage est légèrement incohérent dans le livre (la fière guerrière qui se transforme en idiote béatement amoureuse en trois pages) et sans saveur dans l'adaptation de Lynch. Dans l'adaptation de Villeneuve, elle est glorieuse. Les premières images d'elle sont magnifiques, on est subjugué par sa beauté impériale. Quand elle apparaît dans la réalité de Paul, elle est une guerrière sûre d'elle, manifestement habituée à la réalité des combats, maîtrisant parfaitement son environnement et sa situation. Elle traite Paul de haut, ce qui est même amusant. Et elle sait reconnaître l'entrainement de Paul et ses capacités au combat. La suite sera pour le deuxième film... 

En matière de personnages, la déception, ce sont les Harkonnen. Bon, il faudrait que je revoie le film, pour éventuellement leur donner une seconde
chance. 

Il faut quand même parler de l'ambiance, de l'esthétique du film. La musique est magnifique. Certains la trouvent envahissante, moi j'aime qu'elle le soit, ça me transporte ailleurs, dans cet autre monde de rivalités, de combats, de survie et d'amour. Cela crée ce monde extrême et nous y plonge. Cela accentue et emporte les émotions. Cela convient bien à cette histoire intense et tragique. 

Et les paysages et les couleurs ne sont pas en reste. Ce film est esthétiquement beau, même sans l'histoire qu'il raconte. Le bleu du ciel, le jaune du sable... On est dans un autre monde, sur une autre planète, et c'est tout simplement fabuleux.

Création : 30/10/2021