SF ou fantastique ?

SF ou fantastique ?
SF ou fantastique ?

Live spécial Fantasy - Le Mois de l'Imaginaire x Historia

Un live Facebook, organisé par Le Mois de l'Imaginaire et Historia



Les intervenants :

  • Justine Breton
  • Lloyd Chery
  • Victor Battaggion, Historia


Des recommandations :

  • Gagner la guerre
  • Gemmel
  • A la croisée des mondes
  • La quête d'Ewilan
  • Neokora, Thorgal


Notes au fil de l'eau :

Blood Song : c'est énorme ; il y a ici l'histoire de Vaelin qui est un héros légendaire. Il va faire son dernier voyage, et sur ce bateau il va rencontrer un chroniqueur, et il va raconter, il va se confier. C'est intéressant par rapport à l'histoire, on va suivre les péripéties et donc la quête initiatique et cetera ; mais surtout on va se rendre compte que, dans l'histoire et la mythologie, un héros, c'est en fait un homme normal, qui au travers de ses aventures et de la vie, va devenir un héros. Il y a une réflexion sur les actes qui ont une répercussion.

On va suivre le dossier qui sera raconté par Justine j'ai l'impression de faire castor parce que la dernière fois et ensuite on parlera d'une enquête qui a été menée par Lloyd sur les habitudes de lecture aujourd'hui par rapport à la fantaisie très très intéressant vous verrez et on terminera par l'actualité donc pour faire un peu Père Castor 

Justine, raconte-nous une histoire.

Il était une fois la fantaisie. La fantaisie, c'est alors dans les très grandes lignes, c'est un genre alors transmédiatique déjà, et c'est aussi pour ça que je parlerai régulièrement des adaptations, parce que la fantaisie on a tendance parfois à la réduire à toute une série de romans, mais c'est un genre qui vraiment se développe sur plein de médias différents, donc à la fois dans les romans, dans la musique, au cinéma, à la télévision, dans les jeux vidéos, bien entendu. Et on a des systèmes d'échos en fait, très réguliers entre les différents médias avec des œuvres qui se développent à travers toutes les plateformes simultanément.

En plus d'être un genre transmédiatique, la fantaisie est un genre qui accorde une place essentielle à la magie et au surnaturel. Ce sont des univers où la magie est soit considérée comme normale dès le début, soit on va se retrouver avec un certain nombre de créatures d'inspiration mythologique, des créatures surnaturelles qui font partie du paysage. ça se passe dans des mondes qui sont complètement différents du nôtre. On a évoqué le Seigneur des Anneaux : on est dans une géographie qui est différente, une temporalité qui est différente, on a des créatures qui n'existent pas chez nous comme les elfes et les dragons (je suis désolée, je brise des mythes, mais non, les dragons n'existent pas chez nous, ils n'ont jamais existé, mais un jour peut-être...).

Donc on a soit des mondes totalement différents où le surnaturel a une place quotidienne, soit on est sur notre monde où la magie, le surnaturel vont s'intégrer petit à petit. C'est le cas de nombreuses œuvres de fantasy urbaine ; par exemple on pense à des séries comme Buffy contre les vampires : c'est a priori une adolescente comme les autres qui va se retrouver à devoir chasser les vampires parce que son lycée est situé sur la bouche de l'enfer. Donc on a notre monde qui petit à petit va être envahi par des créatures surnaturelles.

Donc la fantaisie ça regroupe tout ça, donc on peut faire des choses quand même très variées. ça peut aller de Conan le Cimérien à Harry Potter ! Mais malgré tout, toutes ces œuvres très variées ont une histoire commune, qui globalement trouve sa source dans la seconde moitié du 19e siècle. On a des petites choses avant, mais globalement, ce qu'on appelle la fantaisie aujourd'hui trouve sa source vraiment dans la seconde moitié du 19e siècle, en particulier en Europe et surtout en Angleterre.

C'est en fait en grande partie en réaction contre le développement massif des sociétés industrielles. On a ce phénomène d'industrialisation qui fait que tout va évoluer dans les sociétés, avec du positif, mais aussi avec ce qui est parfois regardé par les auteurs de cette époque comme du négatif. Et certains auteurs vont chercher à retrouver un peu de merveilleux, retrouver un peu de magie dans les sociétés grâce à développement du genre qui est la fantasy. Donc c'est vraiment une réaction contre un monde qui va être de plus en plus pollué, qui va être de plus en plus tourné vers les machines.

On va retrouver ça dans la littérature bien entendu, mais aussi dans la peinture, dans les arts décoratifs.  c'est l'époque aussi de William Morris (cf expo Tolkien), qui va faire beaucoup pour le début de ce genre de la fantasy, et petit à petit ces auteurs et ces artistes vont créer des œuvres qui vont chercher à être plus proches de la nature, ou en tout cas qui vont interroger davantage la relation de l'être humain à la nature ; et la possibilité de retrouver de la magie, de retrouver une forme de merveilleux dans notre quotidien. Le but est vraiment de réenchanter le monde, et je pense que c'est aussi pour ça que la fantaisie continue à plaire aujourd'hui, parce qu'on a toujours besoin de réenchanter notre quotidien. Quitte pour cela à se tourner vers des mondes complètement différents du nôtre. Tolkien parle de mondes secondaires. Ces mondes de fiction que l'on fait et qui ne sont pas le nôtre, et qui sont en partie inspiré de nos sociétés et vers lesquels on va se tourner pour s'évader. 

S'évader dans un sens qui n'est jamais pensé comme péjoratif : c'est s'évader non pas pour faire la politique de l'autruche et ne pas voir les problèmes de nos sociétés, mais pour pouvoir respirer un instant, se tourner vers autre chose, vers d'autres possibilités avant de revenir à notre réalité parfois plus sombre et en tout cas avec moins de licornes et de dragons. La fantasy, c'est chercher ailleurs une échappatoire, et éventuellement des réponses possibles, à notre propre quotidien.

Toute cette ambiance va se développer en fait à partir de la seconde moitié du 19e siècle, et ce qu'on va appeler vraiment la fantaisie en tant que telle va vraiment apparaître à partir d'un siècle plus tard, globalement au milieu du 20e siècle, parce qu'au début on a vraiment des bribes avec des artistes un peu épars qui font leurs propres œuvres. Et c'est à partir du milieu des années 1950 globalement que le genre de la fantaisie prend ses lettres de noblesse ; et le moment où la fantaisie se distingue aussi de la branche cousine, la science-fiction.

On a des choses quand même très proches en fantasy et en SF, et aujourd'hui encore on a des œuvres qui flirtent à la fois avec la fantaisie et la science-fiction : c'est l'éternel débat de Star Wars (est-ce que c'est de la fantasy ou de la SF ?). C'est à partir des années 50 où vraiment on va avoir deux branches qui se différencient nettement avec globalement, si on schématise aujourd'hui, pour la science-fiction, Asimov, pour la fantasy, Tolkien. Tolkien justement se fait connaître véritablement de façon massive dans les années 50. Le Seigneur des Anneaux c'est publié en 1954 et 1955. Les années 50, de 1950 à 1956, c'est aussi la publication du Monde de Narnia de CS Lewis, proche également de Tolkien. En 1958, c'est la publication de Le Roi qui fut et qui sera, de White, une œuvre qui servira notamment d'inspiration au Merlin l'enchanteur de Disney.

C'est vraiment dans cette période des années 50 où, en Angleterre surtout puis un peu partout en Europe et un peu partout aussi aux États-Unis, on va avoir ces œuvres majeures qui vont apparaître. Des œuvres qui elles-mêmes sont fortement liées au contexte social, au contexte politique. C'est difficile de séparer une œuvre de son contexte, mais j'ai envie de dire, l'histoire de la fantaisie c'est aussi notre histoire parce que Tolkien et Lewis et White ont tous été marqués par la première et la seconde guerre mondiale, comme globalement tous les auteurs et tous les artistes bien entendu de cette époque. Mais on retrouve dans leurs œuvres énormément de réactions face à ces contextes guerriers. Soit pour dénoncer la guerre directement, c'est ce que fait White, soit pour montrer qu'on peut chercher dans la littérature et dans l'art des alternatives. 

C'est tout le principe du Monde de Narnia qui s'appuie sur un contexte historique précis : les enfants londoniens envoyés à la campagne par leurs parents pour les protéger des bombardements. Lewis part de ce contexte tout à fait réaliste, tout à fait brutal, pour montrer que ces enfants tenus à l'écart de leurs parents sont un peu perdus dans cette grande maison d'un oncle qu'ils ne connaissent absolument pas. Ils vont vivre des aventures totalement différentes, apparemment complètement éloignées de leur quotidien parce que on a un lion qui parle etc, mais malgré tout c'est aussi une façon, à travers cette transposition merveilleuse, de parler de la guerre, parce que les enfants, les Hobbits de Tolkien ou le jeune roi Arthur de White, quand ils arrivent dans cet univers-là, à quoi va être occupé leur quotidien : là encore, c'est à faire la guerre.

Donc c'est pas pour rien aussi que la guerre et ce contexte épique sont des thèmes essentiels dans la fantaisie : c'est aussi parce que la fantaisie s'ancre alors non seulement dans toute une tradition épique qui remonte à l'antiquité et au Moyen-Âge, mais aussi parce que, quand la fantasy prend ses lettres de noblesse à partir du milieu des années 50, on a des auteurs et toute une population qui vient de vivre ce contexte guerrier.

C'est quelque chose qui revient très régulièrement. C'est pas anodin que Tolkien soit de nouveau beaucoup lu au moment de la guerre du Vietnam. C'est des choses qui sont malheureusement cycliques, mais qui font qu'on trouve toujours dans la fantaisie à la fois une possibilité de réfléchir sur notre quotidien, et une possibilité de s'évader vers un ailleurs, un autre monde possible.

Il y aurait énormément de jalons à évoquer, mais très rapidement, puisque justement je parle de ce lien entre la fantaisie et l'histoire, on limite souvent la fantaisie à son ancrage médiévaliste ; c'est-à-dire que ça se passe dans un monde très fortement inspiré du Moyen-Âge européen. C'est pas forcément facile de s'inspirer simultanément de 1000 ans d'histoire, mais les auteurs que j'ai évoqués, Lewis, Tolkien, c'était des médiévistes, White était passionné d'histoire, donc on retrouve en fait cette passion des auteurs dans leurs œuvres. Mais j'en profite pour rappeler aussi que la fantaisie, même la fantaisie historique, c'est pas que le moyen-âge. On a plein d'autres œuvres qui évoquent d'autres contextes, tirés justement de l'histoire, des mythologies.

J'évoquais très brièvement tout à l'heure tout ce qui est fantaisie urbaine : c'est un genre qui se développe énormément à la fin du 20e et là dans notre 21e siècle. Et on a une façon de réécrire les contes de fées : par exemple dans notre contexte actuel, on pense à la série Once Upon a Time. C'est aussi ça, la fantaisie : une façon d'utiliser les mythologies et l'histoire en les déplaçant, en les transposant, en intégrant des créatures différentes, mais en puisant à chaque fois dans quelque chose qui est toujours très proche de nous, que ce soit les contes de fées, notre histoire, notre passé. C'est des choses qu'on connaît à la fois sans connaître. Et la fantaisie va redonner une nouvelle vie à tous ces éléments qui constituent un petit peu notre patrimoine historique et culturel.

On y intègre des éléments de merveilleux, qui font rêver, qui font peur aussi, donc on a de la fantaisie qui va permettre de s'émerveiller sur le monde, la fantasy qui va faire qu'on fait des cauchemars toute la nuit, c'est aussi une possibilité. Mais voilà, même avec quelque chose qui puise dans l'histoire ou dans différentes mythologies, l'avantage aussi de la fantaisie c'est qu'il y en a pour tous les goûts. Que vous aimiez l'histoire ou pas, on trouve globalement de la fantaisie pour tous les types de lecteurs, et moi c'est aussi quelque chose qui me fascine avec ce genre.


Une explosion ces dernières années de nouvelles œuvres de fantasy : comment ça se passe en librairie ?


Des tendances qu'on avait qui sont là depuis un petit moment. C'est vrai que pour comprendre ce qui se passe maintenant en librairie, il faut aussi comprendre ce qui s'est passé il y a 20 ans. 

Donc il y a eu le tsunami de la fantaisie à partir des années 2000 avec l'arrivée d'Harry Potter et du Seigneur des anneaux au cinéma, Game of thrones, The Witcher. Et c'est à partir de ce moment-là qu'arrivent les premières maisons d'édition, notamment Mnémos, Bragelonne, L'Atalante. Donc c'est une forme d'explosion au début des années 2000, où c'est là qu'on va vendre le plus de fantaisie, notamment de fantaisie française. Justine a parlé de Pierre Bottéro tout à l'heure : c'était le plus gros vendeur - plus d'un million d'exemplaires, ce qui est énorme. Il est pas le seul : il y a Éric Lhomme qui a vendu plus de 700000 exemplaires. A ce moment-là, Grimbert avec la Saga de Ji vend 200000 exemplaires. Enfin on est dans une espèce d'âge d'or, on vend beaucoup. Et on arrive à des chiffres qui sont hallucinant. Des auteurs français venus un peu de nulle part arrivent à des scores qui sont proches des 100 000 exemplaires.

Cette espèce d'âge d'or va durer quelques années, pas très longtemps malheureusement, et puis après il va y avoir d'autres acteurs à partir des années 2010. On va voir arriver beaucoup plus de maisons d'édition. Les gros éditeurs vont se précipiter dans la création de collections de fantaisie, que ce soit en jeunesse ou en adulte, parce que il y a évidemment un filon post-seigneur des anneaux.

Et il y a différents types de problématiques qui vont tous se mélanger. ça veut dire que il y a actuellement une surproduction. Toutes les maisons d'édition françaises surproduisent des livres. Donc il est difficile pour les libraires d'arriver à tout lire. C'est même déjà difficile pour le journaliste, donc pour les libraires c'est encore plus difficile. Le problème c'est que du coup, comme on peut pas tout lire, c'est difficile de bien conseiller les gens. 

Il y a une presse qui est très peu prescriptrice malheureusement dans tout ce qui est imaginaire. La presse va plus parler de la science-fiction, vue comme le genre le plus noble. Du coup, la fantaisie c'est un petit peu le parent pauvre. Ce qui se passe : peu de presse, trop de livres qui sortent des maisons d'édition, avec beaucoup de petits éditeurs qui ont pas forcément les moyens d'arriver à communiquer. Et les budgets marketing sont ridicules pour une année. Même quand tu es un gros groupe qui pèse des millions d'euros, ton budget annuel pour la fantaisie va pas être non plus être énorme.

Donc on se rend compte que c'est très compliqué d'arriver à faire sortir un roman ou d'investir sur un roman, et on va plutôt investir sur des romans anglo-saxons. Dans l'imaginaire collectif, les Anglais ou les Américains écrivent mieux que nous pour tout ce qui est fantasy et science-fiction. Donc quelqu'un va plus facilement acheter un roman anglo-saxon en se disant que c'est meilleur qu'un roman français. Notre production locale souffre de ce cliché qui a quand même pas mal la vie dure.

Alors heureusement, il y a des auteurs qui arrivent à percer, 20 000 exemplaires, 500 000 exemplaires. La littérature jeunesse young adulte continue à bien se maintenir. Par contre pour des romans adultes, c'est beaucoup plus dur d'arriver à ces chiffres-là. Jaworski est un des derniers à avoir réussi à atteindre les 100000 exemplaires pour sa saga Gagner la guerre. On est dans un environnement où il y a beaucoup d'acteurs, beaucoup d'éditeurs, beaucoup d'auteurs, et c'est difficile de se partager le gâteau.

Alors ce qui est super quand même, c'est qu'il y a plein de maisons d'édition qui font un boulot vraiment remarquable. Et c'est ça qui est, moi je trouve, rassurant, c'est qu'on voit toute la nouvelle génération d'auteurs et d'autrices qui sont là, et je me dis que, avec les adaptations qui sont de plus en plus demandées, il peut vraiment avoir des choses intéressantes qui peuvent arriver. Je pense notamment aux Forges de Vulcain qui fait un boulot remarquable, la jeune maison d'édition Argile qui entre autres est gérée par Xavier Dolo. C'est très bien, avec une volonté de bien payer les auteurs. Evidemment les gros sont toujours là, et les anciens comme L'Atalante et autres qui font toujours un très bon boulot. Il y a des nouveaux éditeurs qui ont un savoir-faire, qui veulent proposer des choses meilleures.

Maintenant, le vrai enjeu ça va être d'arriver à faire décoller des auteurs, parce que pour donner des chiffres très concrets, un succès maintenant c'est entre 2 à 3000 exemplaires grand format. Voilà. Donc un très très gros succès c'est 10000 exemplaires. Globalement, dans l'année, en termes de science-fiction, fantastique, fantasy, on en est à peu près à deux titres, voire un titre en France qui arrive à atteindre les 10 000. Finalement, quand on y repense, on est quand même quelques millions en France, et on se dit que pour des auteurs français, déjà arriver à faire 3 ou 4000 c'est un bon score. 

Et c'est vrai que c'est compliqué parce que c'est difficile d'arriver à en vivre. Et forcément, comme on tire peu, les auteurs malheureusement sont assez peu rémunérés ou pas assez rémunérés. Et ça va être difficile pour eux d'arriver à en vivre. Vous imaginez, écrire un livre ça peut prendre entre 1 et 2 ans.  C'est vrai qu'on se retrouve avec des auteurs qui sont devenus des auteurs professionnels, mais malheureusement qui doivent écrire entre 3 à 5 bouquins par an pour arriver à survivre, et donc la qualité se fait sentir. ça veut dire que pour arriver à avoir un écosystème pérenne, il faudrait que des auteurs soient mieux rémunérés, aussi pour qu'ils aient plus de temps pour écrire, et on voit à quel point c'est compliqué.

Mais ce qui est super, c'est qu'il y a quand même un engouement pour la fantasy. On sort d'une séquence incroyable quand on y repense : Game of Thrones, The Witcher, La Roue du temps, le Seigneur des anneaux. Même si le ruissellement arrive assez peu, ça fait quand même du bien au genre, et donc quand même ça met en avant de plus en plus la fantaisie. 

Ce qui est intéressant, c'est que quand on observe les autres genres, on voit que c'est plutôt la science-fiction qui a le vent en poupe, qui peut-être va arriver à briser un peu le plafond de verre. On sent qu'avec certains auteurs français qui cartonnent, comme Alain Damasio par exemple, bon c'est le seul exemple vous me direz, mais qui arrive à faire des 200 000 exemplaires, des choses comme ça, ou le Tellier avec le prix Goncourt de l'Anomalie, qui est de l'imaginaire, on sent qu'en France il se passe quelque chose avec l'imaginaire au sens large, peut-être avec la science-fiction. Après, il y a très peu de ruissellement, ça veut dire que les gens qui vont acheter les Furtifs ou l'Anomalie vont pas forcément retourner dans leur librairie ou à la FNAC dans le rayon imaginaire pour aller acheter plus de fantaisie.

Par contre, ce qui est assez rassurant c'est qu'il y a quelques valeurs sûres qui continuent à être là : Tolkien, Robin Hobb, JJ Martin, on voit que ce qui est propulsé par les séries ou les films ou juste les gros noms depuis ces 15 à 20 dernières années vendent toujours autant.

Maintenant le challenge, c'est qu'il y ait de plus en plus de gens qui fassent de la prescription. Maintenant il y a des Booktubeurs qui arrivent grâce à internet. ça va passer beaucoup, je pense, par une toute nouvelle génération de gens qui vont faire la promotion de ces livres-là, soit par Instagram soit par YouTube. Et malheureusement c'est assez peu la presse plutôt ancienne, qui est lue par des gens plutôt vieillissants (moi j'écris pour Le Point). Ces lecteurs, quand ils vont voir une bonne critique d'un livre, ils vont forcément l'acheter, directement en librairie. Mais ce qui est bien, c'est que plus de médias parleront de ce genre-là, plus il aura des chances d'exister.

Moi je me pose toujours la question : par rapport à la SF où la France est pionnière dès sa création (merveilleux scientifique, Jules Verne), la fantasy est très en retard en France et est d'abord passée par la BD, vue pour les jeunes.

Oui, c'est une tendance qui perdure. Peut-être à cause du mot "science". Et puis on fait des catégories "jeunesse", "young adult", "adulte", même avec un même texte. ça n'aide pas la fantasy, mise directement en "jeunesse" et "young adult".

Les maisons d'édition en France ne prennent aucun risque avec les jeunes auteurs. Les plus gros succès aujourd'hui se sont pris des vestes à leurs débuts.

Le marché n'est pas assez gros pour tous les gens qui veulent devenir auteurs. Beaucoup de gens veulent devenir auteur, et les maisons d'édition n'arrivent pas à suivre.

Les générations qui ont grandi avec ces œuvres de fantasy vont devenir adultes et vont la transmettre à leurs enfants et à leurs élèves. Ce basculement de génération va changer la donne. 

Combien d'œuvres exceptionnelles sont refusées par les maisons d'édition ? 17 refus pour JK Rowling...

Mais si les gens continuent à écrire, c'est que le genre continue à fasciner, et ça, c'est bien.


Et l'autoédition ?

L'auto-édition est mal vue en France, pas aux Etats-Unis. Aux EU : "tout est possible" ; en France : mépris pour ce qui n'est pas validé par les structures en place.

Il existe une communauté, des salons, un fandom autour de ces genres. Un conseil : aller dans les salons, participer aux speed-datings, parler avec les éditeurs, se renseigner sur ce qui plaît aux gens. L'écriture, ça se travaille, et ça peut prendre des années.


Création : 12/10/2021

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