SF ou fantastique ?

SF ou fantastique ?
SF ou fantastique ?

Festival des idées 2021 : Réparer le futur : on commence par où ?

Cette fois, ce ne sont pas des écrivains de SF qui essaient d'imaginer le futur, de le réparer ; mais des scientifiques, des journalistes, des économistes, des philosophes ; des femmes qui ont conscience de la réalité et veulent la réparer.

Le festival des idées, c'est un temps et des lieux où on travaille des idées, théoriques mais aussi pratiques. 

Aujourd'hui jeudi 18 novembre 2021, c'est l'ouverture du festival : 



"Pour ouvrir cette 6e édition nous proposons un dialogue entre trois personnalités puissantes, trois femmes qui dressent un diagnostic sans concession sur l’état du monde mais qui se refusent de baisser les bras.

  • Lucie Pinson, tout juste récompensée du prix Goldman de l’environnement, est fondatrice et directrice générale de l’ONG Reclaim Finance dont l’objet est d’empêcher banquiers et investisseurs de financer les projets de développement des énergies fossiles.
  • Auteure, militante, activiste, journaliste, traductrice, éditrice, Juliette Rousseau est passée par plusieurs terrains de lutte, avec toujours dans le viseur la nécessité de construire une société moins inégalitaire. Son livre Lutter ensemble pose les bases d’un futur différent où solidarités et complicités politiques refusent la marche du monde tel qu’il est.
  • Enfin, la sociologue et philosophe Dominique Méda nous fait l’honneur d’éclairer le débat en revenant sur le mythe de la croissance, le poids de nos croyances, et surtout les solutions à esquisser pour réparer un futur plus respirable et équitable. Elle est sociologue, professeure à l’Université Paris-Dauphine, Inspectrice générale des Affaires sociales, présidente de l’Institut Veblen, auteure de nombreux ouvrages, notamment Une autre voie est possible (avec E. Heyer et P. Lokiec, Flammarion, 2018) et Manifeste travail (avec I. Ferreras et J. Battilan, Le Seuil, 2020)

Un échange animé par Iris Deroeux, journaliste à The Conversation."








Quelques notes au fil de l'eau :

On est dans un lieu d'utopies, où des rêves ont été réalisés. 
> sciences et militantisme
> peurs face à l'avenir
> évolution des technologies
> lien avec la nature, écologie
> place des uns et des autres dans la société
> les façons de transmettre l'espoir
Les grands enjeux de demain et les orientations possibles.

Faut-il faire peur vis-à-vis du futur, ou au contraire donner envie d'une société désirable ? Donner envie d'une reconversion écologique, d'une conversion des mentalités ; aller vers la post-croissance, vers l'égalité. Régler la double crise emploi-travail. Créer une société réconciliée avec elle-même et dans la nature.

La relation vivant - non vivant, l'interdépendance, l'ici et maintenant, le réel triste à changer : c'est le leitmotiv, pour vivre une vie pleine. Qu'a-t-on envie de faire ? C'est une question collective.

L'enjeu est l'émancipation de tout un chacun, la justice sociale et environnementale.

Comment minimiser l'impact destructeur des grosses institutions financières internationales ? Il faut réformer ces institutions : résistance aux institutions en place, mobilisation pour les faire changer, brandir les urgences sociales et environnementales.
Il faut atteindre un système financier au service d'une transition vers des sociétés soutenables préservant les éco-systèmes. 
La méthode : parler aux grosses institutions, leur demander des actions concrètes, pratiquer le "name and shame", publier des rapports, dénoncer. Faire des rapports sur les activités d'une entreprise et la menacer de rendre le rapport public.
Il y a des conflits d'intérêts internes dans ces structures : on joue dessus. Des gens convaincus de la nécessité de changer travaillent aussi dans ces grandes entreprises : ils nous aident de l'intérieur. On leur montre aussi le visage humain des conséquences sociales de leur entreprise. On leur fournit des données, des dossiers, des boites à outil prescriptives. pour rendre effectives les mesures que les entreprises doivent appliquer. 

Les capacités politiques distribuées équitablement à chacun : c'est là qu'on aura une société avec des humains complets. On fait société avec de la politique, avec des espaces d'échanges, pour faire des choix ensemble. Aujourd'hui, c'est le règne de l'économie, du PIB.

Les universitaires ont une liberté de parole, mais ils ne sont pas là où on décide les choses, ils ont très peu de pouvoir, ils sont enfermés dans la sphère des idées. Dans l'administration publique, c'est l'inverse : quasiment pas de liberté de parole, mais le pouvoir de changer les choses.

A partir de quel lieu a-t-on le pouvoir ? A partir des idées ? Déception : non, c'est le président, le gouvernement, l'administration publique.

Relier la théorie et la pratique, c'est un questionnement féministe. Le militantisme dans un espace mixte montre que l'organisation d'un espace humain est relégué aux femmes. Organiser et soigner les relations, gérer la logistique d'un espace humain, ce sont des questions systématiquement reléguées aux femmes et aux minorités de genre. C'est dévalorisé, méprisé. Les espaces qui visent à changer la société doivent aussi être des espaces d'empowerment.
> Comment changer les pratiques, les rendre moins sexistes ? Comment intégrer ces théories et réflexions dans nos pratiques ?

Il faut prendre en compte l'avis des gens, des partenaires sociaux. Les citoyens doivent pouvoir s'organiser et s'exprimer, dire leurs peurs et leurs besoins. Il faut connaître concrètement la vie des gens pour comprendre l'impact que les décisions gouvernementales peuvent avoir sur elle. ça suppose de remettre en question les intérêts de très grosses entreprises. On sait maintenant qui émet le plus de gaz à effet de serre : les riches. Il faut qu'on rende désirable un autre type de société, qu'on arrive à faire lâcher prise à tous ceux qui vont perdre dans ce changement.

Le PIB, c'est une simple convention inventée, on pourrait très bien faire sans. Il a des insuffisances monstrueuses. Il ne peut pas être le bon instrument. Les indicateurs de richesse : on pourrait en avoir d'autres, comme l'empreinte carbone. Les universitaires essaient de faire entendre ces idées depuis 20 ans sans y parvenir.

Les coalitions comme le mouvement ouvrier sont utiles pour faire changer les choses.

Question du public :
Une étude de 2014 de l'Ecole Polytechnique de Zurich sur les 8000 plus grands groupes mondiaux et leur activité capitalistique a montré que le gros du PIB mondial est sous le contrôle d'environ 150 méta-groupes, qui représentent 11000 personnes physiques, qui contrôlent le système actuel (la quasi totalité des ressources et des leviers de pouvoir) et n'ont pas envie qu'il change. 
Ces personnes verrouillent le système. Peut-on le transformer sans crise majeure ? Peut-on adopter comme stratégie d'attendre et de favoriser la survenue de cette crise, pour pouvoir reconstruire à partir d'un système qui s'est auto-grippé ?

Dominique Meda : aux yeux du gouvernement, augmenter la production et la consommation, c'est un devoir social, pour favoriser le PIB et la croissance et rien d'autre. C'est notre grille d'interprétation du monde. 
Il faut changer notre grille de lecture pour être guidé autrement, et avoir des alertes sur ce qui compte pour nous, comme la destruction sociale ou le patrimoine naturel. Le PIB ne permet pas ces alertes.
Mais ça va contre les intérêts de ces 11 000 personnes. Elles ont de l'argent, elles peuvent s'acheter la démocratie : chaînes de TV, etc. Vincent Bolloré, Donald Trump, les GAFA ou de simples particuliers. Il faut empêcher la constitution de ces monstrueux lobbies. Il faut créer des lois pour empêcher ça, par exemple des mesures fiscales qui permettent de récupérer une partie de l'argent, pour les empêcher d'acheter autrui, d'acheter tout.

En tant que citoyens consommateurs, à l'échelle individuelle, peut-on faire quelque chose ? On peut aller vers plus de sobriété, renoncer à trop de consommation pour les personnes les plus aisées. Les plus pauvres ne peuvent pas faire grand-chose.
On peut programmer et anticiper l'abandon de l'outil PIB et croissance, pour mieux répartir les richesses au sein de la société.
Ce qu'on veut, c'est réfléchir en dehors de la notion de croissance : plus de santé, plus d'emplois décents, plus de cohésion sociale, etc.

Par stratégie, pour ne pas faire peur aux gens, on évite de parler de "décroissance", alors qu'en fait c'est bien de cela qu'il s'agit.


Création : 18/11/2021

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