Ce 1er février 2023, au Forum des Images, c'était la soirée d'ouverture des Mycéliades, ce nouveau festival de science-fiction !
👽 Les Mycéliades - Festival de science-fiction 👽
Du 1er au 15 février 2023 dans 56 galaxies Cinéma - Livre - Jeux vidéo
Programme et informations → https://myceliades.com/
Facebook, Instagram, TikTok, Twitter @lesmyceliades
Il y avait du beau monde pour @LesMyceliades :
- Perrine Quennesson (@EvyMantle), journaliste https://www.binge.audio/podcast/7escience
- Claudie Haigneré (@CNES), astronaute
- Nicolas Martin (@NicoMartinFC),
- Hervé Cottin (@hcottin), professeur scientifique à l'UPEC, président de la Société française d'exobiologie
- Marie de @curiosiboite,
- Théo de @BaladeMentale
- et le Capitaine de @Chronique_NEXUS (Nexus VI) !
Alors, team Predator ou Alien?
Claudie Haigneré (@CNES) est la première femme française à être allée dans l'espace, je suis fan ! C'est manifestement une femme de caractère, qui peut servir de modèle pour pas mal de jeunes femmes. J'ai eu droit à un autographe, elle a vu que j'étais émerveillée et m'a fait un sourire qui signifiait "Allez les filles, on va être fortes !". Un vrai bonheur.
Science et science-fiction : on parle de certaines créatures extraterrestres qui ont des formes et des manières de fonctionner vraiment étranges, conçues par les auteurs et scénaristes pour être les plus différentes possible de nous, et pourtant, quand les scientifiques découvrent certains êtres vivants au fond des océans ou dans d'autres milieux extrêmes et hostiles à la vie, on se dit que les écrivains sont battus.
L'exobiologie, c'est la discipline scientifique qui essaie de savoir s'il y a de la vie ailleurs que sur Terre, avec le prisme de toutes les sciences.
Pourquoi et comment la vie est apparue sur notre planète ? Les réponses à ces questions permettent de chercher les caractéristiques de la vie sur une autre planète. Forme de vie qui apparaît sur une planète. Géologues, biologistes, chimistes... Mars a connu des périodes avec des caractéristiques similaires à celles de la Terre au début de la vie. D'abord des molécules chimiques, puis biologiques.
Diversification du vivant, extrêmes limites que l'évolution a permis d'atteindre aux vivants sur la Terre.
D'ici 10, 20 ans, on sera capable d'étudier des exoplanètes qui ressemblent à la Terre.
Voie de l'évolution de la chimie vers la biologie
Les molécules chimiques : Une molécule est une structure de base de la matière : « une entité électriquement neutre comprenant plus d'un atome ». C'est l'assemblage chimique électriquement neutre d'au moins deux atomes, différents ou non, qui peut exister à l'état libre, et qui représente la plus petite quantité de matière possédant les propriétés caractéristiques de la substance considérée.
Les molécules biologiques : Une biomolécule est une molécule présente naturellement dans un organisme vivant et qui participe à son métabolisme et à son entretien, par exemple les glucides, les lipides, les protéines, et les acides nucléiques.
Quelques notes prises au fil de l'eau :
PerrineCeux qui vont venir à côté de moi, alors je vous en prie ne vous gênez pas pour les applaudir, ils le méritent.Alors déjà on va accueillir le capitaine du Nexus 6 lui-même. Depuis 2014 lui et son équipage se mettent en scène et proposent des chroniques sur Youtube en lien avec la science-fiction le cinéma le jeu vidéo et la littérature Nexus 6 c'est aussi une web série qui raconte les aventures de l'équipage.Ensuite nous pouvons accueillir Marie Treibert, vulgarisatrice scientifique elle est aussi créatrice de la chaîne Youtube la boîte à curiosité sur laquelle elle croise science naturelle insolite et humour à travers un savant mélange de dessin d'image de maquettes ou encore de costumes. Elle est également l'autrice du livre La Boîte à curiosité édité chez debouts et des animaux bizarroïdes.Professeur des universités en chimie et astronomie à l'Université Paris Est Créteil au laboratoire inter-universitaire des systèmes atmosphériques Hervé Cottin est aussi président de la société française d'exobiologie et ses travaux de recherche sont principalement consacrés à l'étude de l'origine et de l'évolution de la matière organique cométaire.Merci d'accueillir Nicolas Martin, jusqu'à très récemment encore producteur et animateur de l'émission de vulgarisation scientifique la méthode scientifique sur France Culture il est scénariste et réalisateur il nous parle de cinéma avec sa bande dans le podcast réalisé sans trucage et auteur avec Simon Rio de l'ouvrage alien la xénographie.Théo, vidéaste et vulgarisateur scientifique créateur et animateur de la chaîne Youtube ballade mentale, dont les thèmes de prédilection sont l'espace l'astrophysique le temps ou encore l'infiniment grand il est aussi à la tête du podcast la nouvelle odyssée de l'espace et l'auteur du livre 34 petit et grand secret de l'univers aux éditions brochets.Et enfin, the last but not the least, laissez moi vous présenter, en a-t-elle besoin si quand même, Claudie Haigneré astronaute et accessoirement première femme française dans l'espace, femme politique et anciennement à la tête de la Cité des Sciences et du Palais de la Découverte et conseillère auprès du directeur général de l'ESA.On est d'accord qu'on a une très très belle tablée avec nous.Alors ces rencontres extraterrestres, c'est aussi une manière de raconter un petit peu comment a été votre première rencontre avec ces extraterrestres.
Claudie il y en a eu des vraies des rencontres avec des extraterrestres ?ClaudieAlors parmi vous tous qui êtes ici je suis peut-être celle qui est la plus extra terrestre parce que j’ai eu la chance de franchir les 100 km et d'être une astronaute en orbite mais je vais vous l'avouer je n'ai pas vu d'extraterrestres pendant ces jours dans l'espace je suis peut-être pas allée assez loin.Les rencontres extraterrestres de Perrine QuennessonPerrineMoi la première rencontre c'est quand j'avais 9 ans à peu près où j'ai vu tout l'intérêt de l'espace, des extraterrestres et de la rencontre avec eux c'était dans men in black en fait ce qui était incroyable c'est l'idée que on pouvait rencontrer les extraterrestres qui vivent parmi nous Sylvester Stallone est un extraterrestre selon le film Michael Jackson aussi enfin l'était visiblement. Et ce qui m'intéressait beaucoup c'est que on pouvait avoir des échanges culturels, des échanges technologiques avec eux, c'était un partage de connaissances. Le velcro serait extraterrestre le micro-ondes serait extraterrestre et ça je veux bien croire parce que je ne comprends pas comment ça marche. J'ai eu beaucoup d'affection pour cette société en tout cas un peu secrète un peu cachée je crois que c'est la seule théorie du complot à laquelle j'adhère.Claudie Haigneré, une EXTRA terrestre passionnée de littérature spatialePerrineHonneur à ceux qui sont allés dans l'espace et ça limite autour de cette table et dans cette salle à Claudie Haigneré. Claudie si je dis pas de bêtises, pour vous l'une des premières rencontres c'était par la littérature. C'est la littérature qui vous a permis de rencontrer les extraterrestres, est-ce que vous pouvez m'en dire un petit peu plus, à travers quels auteurs ?ClaudieEt bien volontiers. J'ai une formation scientifique, mais j'étais très intéressée pendant mes études parce qu'on appelait les lettres mortes le latin et le grec, qui ont pavé aussi ma culture et donc quand j'avais 11 ans, avant d'avoir assisté au premier pas de l'homme sur la Lune en 69, j'avais des cours de grec où on nous a fait lire dans le texte en grec Lucien de Samosate et ses histoires véritables,dont la première page était de dire (c'est le deuxième siècle APJC ça remonte très longtemps, je ne sais pas si on parlait déjà de SF à l'époque) mais en tout cas ces histoires véritables Lucien avait bien précisé qu'il ne fallait les croire en rien, que c'était des histoires vraies mais à ne croire en rien. Et il y avait des Sélénites à l'époque, donc ces petits habitants sur la lune je les ai rencontrés encore après par la littérature un petit peu plus tard 17ème siècle, je pense que vous allez aller sur des littératures plus récentes c'est Cyrano de Bergerac dans les empires de la lune et les empires du soleil moi j'étais nourrie pétrie de ces histoires.Là où j'ai peut-être une petite nostalgie parce qu'il y avait des Sélénites parce qu'ils sont plus là bas parce que aujourd'hui (je parle de la lune) on a démontré, après d'autres ici vont nous dire que peut-être des traces de vie existent ailleurs et que la science va nous les faire découvrir, mais en tout cas sur la Lune il y en a pas. Il y a pas d'atmosphère, et on l’a quand même bien exploré la lune, on va s'en rapprocher pour l'explorer davantage, mais on sait qu'il y a pas de Sélénites. Donc voilà j'ai été nourrie par les Sélénites de Lucien et de Cyrano et mon rêve d'enfance était quand même d'aller sur la lune, ce que j'ai pas réussi à faire. Je ne suis pas allée jusqu'à 385000 km, je me suis arrêté à 400 et j'ai pas vu.Je suis un peu extraterrestre, en dessous de 100 km on reste dans une atmosphère qui nous est un peu connue et qu'au-delà ça commence à devenir une aventure.PerrineEt Jules Verne aussi de la Terre à la Lune et autour de la Lune ça c'est quelque chose que vous avez pu lire en étant plus jeune.ClaudieOui bien sûr. Jules Verne avec tout ce qu'il nous faisait découvrir. Alors on était presque dans des histoires véritables parce qu'on se posait la question sur la façon dont on allait accéder à la lune. Bon on a tous ces images ces gravures qu'on voit dans les ouvrages de Jules Verne oui oui bien sûr ça a accompagné ma vie.Je dirais un peu plus tard à l'adolescence et ben j'ai plongé et replongé dans 2001 l’Odyssée de l'espace. Ça a été vraiment le film qui m’a bercée, et que j’ai revu. J’ai volé en 2001, et c’était pas comme dans 2001 l’Odyssée de l’espace. A l’époque, pas de Al l’intelligence artificielle maléfique, mais aujourd’hui il y en a une qui s’appelle Simon.PerrineCette littérature et ce film, c’est ce qui a contribué à lancer votre carrière, à devenir astronaute. Donner cette envie, peupler votre imaginaire pour devenir l'astronaute que vous êtes.ClaudieOui peut-être. Bon il y a d'autres éléments déclencheurs, mais c'est vrai que cette appétence de savoir, ces histoires extraordinaires que ce soit Jules Verne ou Lucien, c'était déjà dans mon esprit. Ce qui m'a donné cette capacité d'émerveillement de fascination, en juillet 69. J'avais le premier pas de l'homme sur la lune, des choses qui étaient dans la littérature, inaccessibles.Bah ce jour-là ça se passait, c'était une réalité donc quelque chose qui était imaginaire ou du rêve devenait une réalité, mais j'y étais sensibilisée par ces lectures et puis j'ai plongé dans d'autres choses.J'ai évoqué 2001 l’Odyssée de l'espace je pense que certains vont évoquer ici bien évidemment Les Fondations Les Robots ça a fait partie de ce qui m'a nourri et ce qui a fait grandir en moi peut-être un petit peu comme un mycélium en proliférant, très vivace.Cette envie d'être moi-même dans l'aventure et de pousser la porte avec Audrey quand il y a eu cet appel à candidature du CNES qui est associé le Centre national d'études spatiales à cette belle manifestation entre la science et la science-fiction, qui m'a aidé à pousser la porte et à rentrer dans l'aventure.Tout ça ça a été nourri avec cette littérature ces films, et je pense qu'aujourd'hui encore on va probablement l'aborder, extraire de ces sujets de science-fiction de ces films de ces jeux de cette littérature, des fils qui vont nous rendre la science aimable, c'est quelque chose qui est passionnant et il faut en profiter.PerrineDonc vous avez été prise sur un appel à candidature, il y avait 1000 personnes si je dis pas de bêtises 900 hommes 100 femmes 7 personnes ont été retenues je crois.Claudie885 personnes, 10% de candidature féminines, et puis voilà une femme sur les équipes des sept qui a été recrutée à ce moment-là.Pour les jeunes femmes qui sont dans la salle ça bouge ! 24% de présence féminine dans la sélection de l'Agence spatiale européenne, et dans la sélection et bien on est presque à 50% et puis bah voilà Sophie Adenot qui est notre candidate française qui va rejoindre l'Agence spatiale européenne dans quelques mois pour démarrer son entraînement là on est très très heureux qu'elle puisse incarner la science la fiction l'aventure et la suite de l'aventure.PerrineDonc vous avez bien compris les filles n'ayez pas peur poussez la porte de l'espace.Hervé Cottin, le gloubi-boulga SF et la passion extraterrestrePerrineHervé Cottin j'ai dit que vous étiez président de la société française d'exobiologie.C'est quoi l'exobiologie ?HervéAlors l'exobiologie c'est la discipline scientifique qui essaye de savoir s'il y a de la vie ailleurs que sur la terre donc si effectivement les extra-terrestres existent et d'essayer d'aborder cette question par le prisme de la science et de diversité de discipline.Et en fait l'exobiologie on peut penser que c'est quelque chose qui est très exotique qui s'approche de la science-fiction mais c'est quelque chose qui est très terre à terre en fait puisque la question première qui sous-tend tous les travaux de l'exobiologie enfin quasiment tous c'est d'essayer de comprendre pourquoi et comment la vie est apparue sur la terre parce que si on peut aborder la question de la vie extraterrestre par l'approche scientifique il faut aussi se poser nous-mêmes la question de nous en tant qu'extra extraterrestre en tant que forme de vie qui est apparue sur une planète.Et donc l'idée c'est de faire rejoindre justement tous les chercheurs les chercheuses qui travaillent sur l'origine de la vie sur la terre donc ça va être des géologues ça va être des chimistes ça va être des biologistes aussi qui vont explorer la diversification du vivant les extrêmes limites que l'évolution a permis d'atteindre au vivant sur la terre qui sont vraiment vraiment fascinantes et puis à partir de là orienter notre recherche de vie ailleurs c'est à dire vu ce qu'on pense savoir de l'apparition de la vie sur la terre c'est vraiment pas idiot de se dire allons voir sur mars. Parce que Mars a connu une période avec des caractéristiques alors c'est jamais la même chose mais des caractéristiques similaires à ce qu'a pu connaître la terre quand la vie est apparue.Et puis après on peut aller pousser plus loin dans le système solaire il y a des satellites autour des planètes géantes où on sait que il y a de l'eau liquide sous une couche de glace alors là ça ressemble plus du tout à la terre mais on se dit l'eau c'est quand même un solvant qui est particulier et on pense qu'il y a une chimie qui peut aller très loin alors jusqu'à la vie on sait pas mais qui peut aller très loin dans la voie de l'évolution de la chimie vers la biologie.Et puis après on a maintenant un panorama qui est extraordinaire parce qu'on détecte des exoplanètes autour d'autres étoiles et là on a on a l'embarras du choix. On a encore des techniques et des barrières technologiques à pousser mais on sera dans 10, 20 ans capable de détecter des exoplanètes qui ressemblent à la terre. Et alors voir les extraterrestres non, mais chercher dans l'atmosphère de ces planètes parce que elles nous envoient de la lumière et cette lumière elle voyage à la vitesse de la lumière donc c'est pratique on n'a pas besoin d'y aller. On essaiera de voir si il y a des signatures qui ne pourraient être expliquées que par la présence de vie dans ces atmosphères.Donc on brasse très large de la chimie à la biologie jusqu'à l'astrophysique et des observations très lointaines donc c'est ça l'exobiologie donc on n'est pas exobiologiste mais on est un chercheur, moi je suis chimiste, et on s'inscrit dans sa démarche dans tout cet ensemble quel exobiologie pour voir si on n'est pas les seuls à avoir eu du bol d'exister d'une certaine manière.PerrineEt vous votre premier extraterrestre qui vous a fasciné avant d'aller enquêter sur eux ?HervéC'était dans Goldorak. Il avait une tête un peu bizarre alors ouais il est méchant et c'est vraiment l'ennemi donc c'est un des stéréotypes de l'extraterrestre qui est le méchant qui veut envahir la Terre on sait pas trop pourquoi enfin si quand on réfléchit vraiment scientifiquement à pourquoi des extraterrestres ont envie d'envahir la terre ça nous emmènerait très très loin dans la discussion mais il y a rien d'évident à ça et donc effectivement mon premier extraterrestre je pense que c'est idargos.PerrineJe crois qu'il y a le cycle de Tshai donc c'est de la science fantaisie en quatre volumes écrits par l'auteur américain Jack Vance on est dans la fin des années 60 et ça ça a aussi peuplé votre imaginaire extraterrestre ?HervéRegardez ce beau spécimen, voilà, cette couverture, c'est ce type de livre que je lisais. Alors j'étais un grand consommateur de science-fiction et je me rappelle très bien qu'en 6e à la bibliothèque du collège où j'étais il y avait une armoire qui était remplie de romans de Fleuve noir. Il y en avait des dizaines et des dizaines j'ai aucun souvenir je serais absolument incapable de citer le nom d'un des d'un de ces bouquins mais je pense que j'en prenais deux trois par semaine et je les lisais donc j'ai un espèce de gloubiboulga de fondement de littérature de SF dans ma mémoire. Et le premier roman je pense qui ressort c'est justement Jack Vance et le cycle de Tchai qui est une véritable épopée. En plus comme j'étais un peu mitigé entre la fantaisie le Seigneur des Anneaux les trucs comme ça et puis la SF, cette série c'est vraiment un mélange de fantaisie et ce qui est intéressant c'est qu'en fait l'extraterrestre dans le cycle de Tshai, c'est l'homme c'est l'humain qui se retrouve perdu sur une planète peuplée de différentes castes d'extraterrestres et il doit se démener et essayer de s'en sortir. Voilà il est ramené à sa condition humaine et solitaire face à cet environnement qui est hostile et où il est en minorité et je trouve ça très beau, et c'est un très bel accès à la littérature classique de SF. Alors bien sûr après j'ai lu du Frank herbert du Asimov plein de classiques mais c'est celui qui sort et qui je pense m’a le plus fasciné.PerrineDonc on comprend que vous êtes un peu aussi cet humain en terrain hostile qui va explorer les planètes de là où vous êtes pour l'instant avant de pouvoir peut-être aller sur une exoplanète.Le Capitaine du Nexus VI explore les aliens du cinéma S-FPerrineCaptain justement qui a un vaisseau spécial le Nexus 6.CaptainOui bah moi j'étais bien plus loin que 100 km pour le coup.PerrineVous vous êtes fait supplanter Claudie. Je crois que donc vous êtes allé beaucoup plus loin.Captain23e siècle c'est pas un vieux Soyouz automatisé quoi on est sur un vaisseau qui a plus de gueule quand même.PerrineEt justement dans votre exploration dans votre très beau vaisseau spatial du 23ème siècle est-ce que vous avez rencontré un prédator ?CaptainJ'ai pas eu ce plaisir mais quand j'étais petit j'ai eu la chance de voir ça en film. S'il y a une créature qui m’a marqué c'est le prédateur. Alors j'ai eu la chance d'avoir des parents qui me faisaient voir à peu près tout à des âges qui étaient pas adaptés pour. J’ai vu Predator à 5-6 ans très clairement il a pas une gueule de porte-bonheur. Exactement. Belle référence. Alors gentil moi j'irai pas jusque là, il est ce qu'il est, c'est un chasseur en fait si on devait caricaturer c'est un peu Didier Le Chasseur du dimanche qui va chasser le cerf quoi, mais sauf que c'est un extraterrestre qui cherche des grosses proies donc des espèces dans la galaxie qui sont dignes de le combattre en fait. Et l'humain en tant que super prédateur de notre planète est digne. Et en fait ce qui m'avait marqué avec le Predator c'est que bon évidemment il y avait eu alien avant, il y avait eu d’autres créatures qui m'avaient marqué, mais le Predator c'est un peu le premier qui avait une culture, c'est un peu ça l'innovation. Le xénomorphe d’Alien est une créature, bon, qui fait partie d'un système qui est peut-être une espèce type fourmis etc, mais il y avait pas, à proprement parler en tout cas, une culture qui lui était affiliée. Le prédateur si, avec des rites avec des technologies qui étaient adaptées par rapport à ces rites justement puisqu'il chasse, il se soigne, des choses comme ça qui montraient qu'il y avait une pensée autre que juste la créature terrifiante qui tue l'humain et ça ça m'avait énormément marqué quand j'étais petit.PerrineIl y a un autre film aussi qui vous a marqué je crois c'est Ennemi de Wolfgang Peterson donc là c'est un film de 1985.CaptainOn est sur un humain et un extraterrestre qui vont devenir copains. Ouais alors c'est un film un peu injustement oublié. En gros il y a une guerre entre les humains et les Dracs. Et deux pilotes un pilote DRAC et un pilote humain qui se crashent sur une planète et ont des débuts un petit peu compliqués. En survivant ils vont devoir s'allier et au fur et à mesure ils vont devenir amis donc il y avait déjà un petit peu cet aspect « choc culturel », et puis « dans l'adversité on s'unit » qui m'avait beaucoup plu. Mais il y a aussi, le film est allé assez loin, alors évidemment il y a plein de symboliques puisque on est en pleine guerre froide donc les drags représentaient le bloc communiste mais l'acteur vous l'aurez remarqué est afro américain donc il y avait aussi toute un propos sur le racisme et la société notamment américaine mais globalement occidentale et ces questions dans ces sociétés et il y avait un autre aspect qui m'avait énormément marqué c'est que les Dracs sont hermaphrodites donc en fait même sur les rapports aux gens etc moi ça m'avait vraiment fasciné quand j'étais petit. Et il tombe enceint pendant qu'ils sont ces Robinson Crusoé de l'espace et malheureusement les dracs quand ils accouchent ils meurent c'est à dire qu'ensuite l'humain va devoir s'occuper du bébé drac et du coup le Drac lui sera en fait éduqué par un humain donc ne connaîtra pas sa culture etc. Enfin le film est vraiment magnifique vis-à-vis de ça. Plus tard il y a des esclavagistes humains qui viennent sur la planète qui enlèvent le petit DRAC. Enfin le film il est bouleversant vraiment je vous le conseille, le film est vraiment incroyable quoi je l'ai pas vu depuis longtemps d'ailleurs je l'ai pas vu dans ma phase adulte je dirais où j'analyse des œuvres mais je pense que ça reste un excellent film à voir.PerrineEn tout cas vous en parlez avec beaucoup d'émotion dans la voix et ce qui est intéressant c'est que les deux films sont sortis dans les années 80 l'un 85 l'autre 87 est-ce que justement ce cinéma des années 80 c'est ça qui vous a donné un petit peu envie de faire un Nexus 6 ?CaptainAlors là on met les gros mecs virilistes super. Non il y a Schwarzenegger ah non bah moi je veux pas dire de mal des mecs de Predator c'est clair. Je sais pas si c'est le cinéma des années 80 uniquement qui m'a donné envie de faire Nexus 6 ou qui nous a donné envie de faire Nexus puisqu'on a une équipe, mais très clairement de toute façon ma passion pour la science-fiction elle est très très tôt, je saurais même pas dire à quand elle remonte mais disons que peut-être dans les années 80 et 90 il y avait une forme de radicalité que je retrouve moins aujourd'hui dans le cinéma. On en parlera tout à l'heure pour la présentation de Premier contact bien que ce soit pas le pire loin de là. Mais non je saurais pas analyser la chose là, aujourd'hui il y a encore des choses qui, encore heureux sinon je crois que j'arrêterai ma chaîne tout simplement, il y a encore des oeuvres qui me passionnent moi Interstellar récemment c'est un film qui m'a bouleversé bien que la question extraterrestre n'est pas établie forcément dans le film contrairement à 2001 où là on est un petit peu plus là dessus, mais non je sais pas si à part cette radicalité qui est moins là aujourd'hui il y a encore des choses aujourd'hui qui m'inspirent évidemment.Marie Treibert marche sur La Planète SauvagePerrineMarie vous allez vers le cinéma d'animation parce que ce qui vous a marqué c'est la Planète sauvage de René Laloux qui était co-écrit avec Roland Topor notamment alors on le voit des extraterrestres un peu flippant donc pourquoi la Planète Sauvage qu'est-ce qu'elle vous a fait cette planète sauvageMarieTraumatisée voilà faut le dire un peu comme le capitaine j'ai eu le délice d'être exposée à ce genre de film pas trop jeune mais presque. J'avais un papa qui était un féru de science-fiction et il m'a ramené une cassette il m'a dit c'est super on va regarder un film d'animation de science-fiction et donc j'ai regardé la Planète Sauvage c'était un cauchemar donc c'est un film de René Laloux qui est sorti en 1973 illustré par Topor donc c'est assez fou parce que c'est une prouesse artistique dans le sens où tout est fait en papier découpé ça a mis presque quatre ans à être réalisé et donc on va sur une planète qui s'appelle igam sur laquelle vit une civilisation. Donc des géants comme ça humanoïdes bleues avec des grands yeux rouges horrible et cette civilisation un jour ramène d'une de ses expéditions des petits hommes OMS qui ressemblent fortement à des humains d'une planète dévastée qui s'appelle Tera qui ressemble beaucoup du coup - je sais pas du tout à quoi vous faites référence moi non plus - et du coup il va y avoir une partie de la population des hommes qui vont pulluler de manière sauvage et une autre partie qui vont être utilisées à des fins de divertissement on va dire pour les dragues un peu comme des petits animaux de compagnie qui vont être habillés comme des poupées installés comme dans des petites maisons de poupées en fait c'est vraiment du pur loisir du pur divertissement. Et on va suivre tiwak qui est une jeune drague avec son homme qui s'appelle terre donc son petit animal et petit à petit ce terre va acquérir du savoir et de la connaissance via des écouteurs qui transmettent du savoir drague et va s'enfuir et enclencher une espèce de révolte en faisant une passation de savoir aux hommes sauvages.Cf Oms en série Stefan Wulhttps://fr.wikipedia.org/wiki/La_Plan%C3%A8te_sauvageBref donc quand j'étais petite j'étais horrifiée je trouvais ça vraiment le film et c'est une espèce d'orgie expérimentale la musique fait aussi beaucoup que ça soit visuel il y a ce papier découpé qui donne un mouvement très saccadé presque indigeste tout le long du film qui est très court mais on a l'impression qu'il dure 6 heures et ce synthé halluciné qui est tout à fait particulier et à la fois qui fait tout le génie du film aussi mais c'est vrai quand j'étais petite je l'ai pas du tout vu comme ça et les années 70 aussi voilà en tout cas c'était le premier film d'animation en France qui sortait qui était destiné aux adultes. Avant on avait beaucoup d'animation pour les enfants voilà et en fait ce que j'aime bien avec ce film c'est que j'y suis revenue en fait plusieurs fois à plusieurs âges différents et j'ai pas du tout la même vision aujourd'hui à 33 ans qu'à 7 ans. Il a des lectures différentes à chaque fois et je le trouve sublime pour ça parce que il y a encore des notions et des valeurs très modernes en fait qui sont évoqués dans le film et en fait aujourd'hui plus je le regarde plus je le trouve beau plus je le trouve contemplatif.Associé à tout ça il y a aussi tout le visuel qui est de l'ordre de l'onirique il y a une faune et une flore complètement indescriptible et qu'on retrouve peut-être aujourd'hui dans Rick et Morty quand ils vont dans les planètes, des espèces de plantes bestioles etc et tout ça dans des influences très surréalistes on sent le Magritte le Jérôme Bosch le Dali etc.Donc c'est très beau visuellement. et en fait quand j'étais petite j'avais été traumatisée par les dragues que je trouvais horrible c'était les méchants et en fait en grandissant je me suis dit en fait ils sont pas si méchants pourquoi parce qu'en fait ce que j'aime bien dans ce film c'est que oui j'étais très habituée aux Disney où il y a un méchant un gentil. Dans la planète sauvage il y a les dragues il y a les hommes et en fait les deux camps sont pas tout blanc tout noir il y a beaucoup d'humanité dans les deux donc en fait on a envie de détester les dragues en même temps on retrouve beaucoup de nos comportements humains à nous et chez les hommes aussi et donc on oscille entre les deux camps à chaque fois et ça je trouvais ça très intéressant et aussi par rapport au rapport qu'on a avec le vivant ça pousse à l'introspection qu'on a au rapport à la nature aux animaux comment on traite en fait nos animaux et ce qui est-ce qu'on les élève juste pour les domestiquer les faire qui nous divertissent etc. Donc voilà je trouve que c'est un film qui a beaucoup d'humanité qui fait beaucoup réfléchir. Bon il est particulièrement explicite quand même il y a de la nudité de la surviolence vraiment il y a des scènes où des gens se font déchiqueter etc donc c'est très spécial mais voilà ça reste quand même un très beau film je pense que personne ne voudra le regarder après. Il y a pas une fin comme dans les structures un peu Disney mais la fin ouvre quand même sur comment on fait pour trouver des compromis entre espèces comment on se respecte les uns les autres comment estimer l'autre et voilà je trouve que c'est rempli de valeur qui sont très belles voilà.PerrineOn voit bien le lien aussi avec la boîte à curiosité votre chaîne Youtube, mais aussi ce qui est intéressant c'est que dans votre chaîne il y a du dessin qui apparaît. Vous avez une formation Beaux-Arts, est-ce que même inconsciemment d'une certaine manière ce film là par ce travail de l'image par ce travail du papier découpé ça vous a donné envie d'aller vers les Beaux-Arts s'intéresser au dessin ou à l'art tout simplement ?MarieForcément c'est des mondes qui ouvrent l'imaginaire qui ouvrent une porte. C'est vrai que je pense que je trouvais ça cauchemardesque à la fois je pense qu'après le film je suis allée chercher mes crayons et j'avais moi aussi envie de dessiner des mondes imaginaires et tous ces films de science-fiction ouvrent ses portes vraiment sur l'imagination donc je pense que effectivement ça a eu une belle influence sur ce que je fais aujourd'hui.Théo Drieu et l'univers des possiblesPerrineThéo, grâce à Hervé on sait ce que c'est que les biologistes et vous vous êtes sur l'exobiologie spéculative Théo.ThéoOui alors j'ai un peu botté en touche je crois quand vous avez posé la question.Du coup moi j'ai choisi des extraits de petit film ou de travail graphiques que fait quelqu'un qui s'appelle Marc Boulay qui travaille souvent avec Jean-Sébastien Steyer qui est paléontologue et biologiste. Et Marc Boulay il est artiste en fait et eux ils travaillent sur des animaux plausibles donc c'est le chant des possibles et la mesure des plausible je sais pas comment décrire ça en fait alors j'ai pas forcément choisi ceux qui rendent le plus justice.Marc Boulay est paléoartiste, sculpteur numérique, creature designer & directeur artistique de Cossima Productions. Il est à l’origine du livre Demain, Les Animaux du Futur (Eds Belin, 2015) qu’il co-signe avec J.-Sébastien Steyer.Dr. J.-Sébastien Steyer, paléontologue au CNRS et Muséum de Paris, est aussi membre du programme Fédération du CNES.https://www.photo-montier.org/fiche-exposant/another-world/Je vous invite à aller voir Another World où en fait en gros lui d’après les discussions qu'il a avec avec Jean-Sébastien Steyer, il va produire des animaux ou des plantes ou autre chose, mais en se mettant comme contrainte les lois physiques de l'évolution. Alors tout ça ça fait déjà un terrain de jeu incroyablement gigantesque si tant est qu'on puisse le délimiter parce qu'il faut quand même mettre beaucoup de guillemets là-dedans on sait pas vraiment mais je trouve ça assez chouette de se dire que rien qu'avec ça comme contraintes on a des possibilités absolument stratosphériques.Et moi pour le coup les extraterrestres je les ai un peu rencontrés comme ça. J'étais plus fasciné quand j'étais petit par les mondes comment dire les mondes d'hier genre le Crétacé, les dinosaures, ou l’Eocène, le paraceratherium, tous ces animaux qui ont existé qui ont des noms absolument incroyables. On dirait des bonbons quand on est petit et en fait ces mondes là ils existent plus, ils sont ailleurs dans le temps quoi.Après j'ai découvert l'astro, la cosmo, mais j'avais 12 ans je lisais des bouquins de Hubert Reeves et je regardais les étoiles ou je les regardais à travers des images d'un livre je me disais mais le nombre est tellement énorme. Alors lui il en parlait vite fait de la possibilité des extraterrestres et je me disais en fait tout ça c'est des mondes d'ailleurs quoi et il y avait pas encore cet engouement autour des exoplanètes et après ça m'a poursuivi parce que ça irrigue toute la culture cinématographique mais ça m’horripile plus les films en général parce que du coup comme moi je venais un peu de ce questionnement sur le truc plausible, Independance Day je peux pas en fait il m'énerve. Les extraterrestres parce qu'ils sont, je les vois pas comme ça en fait et voilà et du coup c'est un peu venu d'autres choses que que le cinéma.PerrineEt donc est-ce que ces images là que crée Marc Boulay notamment ça vous aide vous dans vos explorations de l'espace à travers votre chaîne Youtube, c'est comme des repères ça vous aide aussi à trouver des sujets qui vous intéresse ?ThéoOui complètement. Et puis ce qui est chouette avec la question des extraterrestres, mais on en parlera peut-être un peu après, c'est autant l'astro la cosmologie quand on en parle aux gens, je veux dire on parle à ma grand-mère elle comprend pas trop soit ça la rebute soit il y a des gens qui ont un rapport un peu anxiogène avec l'immensité de l'espace, en général les extraterrestres tout le monde a un petit point de vue là dessus - ça existe, ça existe pas. J'ai l'impression que tout le monde s'est un peu posé la question du paradoxe de Fermi sans savoir que c'est le paradoxe de Fermi, mais du coup c'est une super porte d'entrée et après on peut vraiment tirer du raisonnement très très loin. Le paradoxe de Fermi c'est en gros de se dire bon pourquoi est-ce que les extraterrestres sont jamais venus nous voir ?PerrineParce qu'ils ont raison, on est typiquement les voisins chez qui il faut pas venir.Théoça peut être une des explications.PerrineC'est ma théorie personnelle en tout cas.ClaudieOui moi j'avais une petite question les images qui passent derrière comment elles sont obtenues ?ThéoAlors je sais pas parce qu'il travaille de plein de façons différentes. Il y a beaucoup de numérique, il y a aussi beaucoup de croquis qu'après il va transformer par ordinateur.ClaudieC'est pas des vrais extraterrestres ?ThéoAh non c'est pas des vrais non non non non non.PerrineOn sent la scientifique qui a besoin de vérifier quand même et c'est vrai que lui moi je le croise pas enfin je veux lui d'accord mais l'autre d'avant non.ThéoOn n’a pas les échelles lui peut-être qu'il est extrêmement sympathique.ClaudieC'est extraordinaire ces images, c'est effectivement un problème d'échelle.PerrineIl me terrifie et il me fait penser un peu à un alien d'une certaine manière.Nicolas Martin xénographie AlienPerrineAlors Nicolas Martin vous avez carrément écrit un livre pour l'alien donc qu'est-ce qui vous plaît tant chez ce xénomorphe d'ailleurs parce que on a parlé d'exobiologie, l'exobiologie spéculative, et là on a la xénographie donc on a encore un autre mot qu'est-ce qui vous plaît chez cet Alien qui est pas gentil gentil.NicolasAlors c'est rigolo parce que là depuis que je vous entends et quand vous posiez la question tout à l'heure du premier contact avec un alien, je me dis que c'est peut-être le moment, parce que c'est quelque chose dont j'ai pas parlé en public jamais, j'en ai un tout petit peu parlé mais les gens m'ont jamais pris trop au sérieux, je trouve que c'est peut-être le moment d'en parler parce que je devais avoir 6 ou 8 ans et il faisait nuit l’hiver, donc je rentrais en vélo sur une petite route de campagne et je me souviens je rentrais il faisait un peu froid et d'un coup il y a une sorte de lumière qui arrivait donc je pense que c'est un camion une voiture extérieur et pas du tout parce que la lumière venait par-dessus moi sur les petites routes et puis bon, j'aurais tellement aimé que ça m'arrive en fait le problème c'est que je regardais le mystère à la télé j'ai dit mais pourquoi vous, mais qu'ils me prennent moi, s'il vous plaît mais faites quelque chose opérez moi malheureusement pas oh enfin pas que je sache mais bon.Non en fait mon premier souvenir ce serait tellement Vega est-ce que dans Goldorak moi j'aimais les méchants dans les histoires. J'aime globalement plutôt les méchants. Mais je les identifiais pas vraiment comme des extraterrestres.Non le souvenir initial d'Alien c'est mon cousin qui lisait Aliens : novelization, d’Alan Dean Foster (1946) et je me souviens de cette couverture et j'étais trop petit pour voir le premier qui est sorti en 79 j'étais évidemment beaucoup trop petit mais bon les années 80 j'étais encore trop petit pour aller au cinéma voir le deuxième mais il m'avait raconté cette histoire. Alors la Novalization c'est pas tout à fait les films, il y avait pas d’oeufs, les trucs sortaient des boîtes, bref mais j’étais très curieux et à 13 ans quand le vidéo club ouvre en bas de chez moi, je tanne mes parents à un point tel qu'ils finissent par acheter un magnétoscope. Je me précipite et c'est le premier film que je loue Alien parce que je veux voir ce que c'est quoi. Et donc je vois alien c'est une terreur sans nom vraiment j'avais déjà eu un peu la trouille à cause de V parce que, mais j'avais pas le droit de regarder V donc j'avais pas le droit de dire que j'avais la trouille parce que en fait je regardais à travers la porte de ma chambre mes parents qui regardent des V et la scène de l'accouchement qui est effroyable alors maintenant c'est un peu vieilli mais elle accouche de jumeaux, la première elle a une langue de serpent donc déjà là je commence à pleurer et la deuxième c'est un lézard donc là c'est l'enfer.https://fr.wikipedia.org/wiki/V_%28s%C3%A9rie_t%C3%A9l%C3%A9vis%C3%A9e%29Donc en fait une petite histoire d'amour avec les choses bizarres et tout plein voilà.Ce qui est intéressant dans Alien et quand je me suis repenché dessus bon outre le fait que j'ai ensuite découvert les suites et que je trouve que il y a une idée que chaque film en tout cas de la première tétralogie et même des deux suites Prometheus et Convenant dont on peut parler maintenant mais ça apporte quelque chose ça continue la mythologie.Ce qui est passionnant avec Alien c'est que alien donc on est en 1979, on est deux ans après l'invention du mot blockbuster avec Jones (?) de Steven Spielberg. Donc on est dans un blockbuster, on est pas dans un petit film fauché de série Z qui nous raconte la millième gloumoute de l'espace baveuse c'est autre chose.Sur le grand public on est également 2 ans après Star Wars et d'un seul coup Alien nous raconte quelque chose de radicalement différent de l'espace. C'est-à-dire que avant Alien, globalement l'espace est un endroit c'est une extension du Far West, un endroit où les hommes blancs militaires vont coloniser, vont répandre la bonne parole vont quasiment planter le drapeau et vont trouver des créatures étranges, les gloumouths un peu méchantes qu'il faut détruire et les jolies gloumouts avec des décolletés qu'il faut séduire.Et puis arrive Alien où d'un seul coup l'espace est plus du tout pareil. C'est pas des militaires c'est pas de la conquête c'est les prolos c'est des prolétaires c'est des soutiers de l'espace, souvenez-vous à la première ligne de discours d'Alien c'est les soutiers qui demandent s'ils vont avoir une part de prime supplémentaire parce que c'est pas normal qu'ils soient moins payés que les officiers.Et alien c'est littéralement le mot alien c'est un adjectif ça veut dire étranger différent ce qui est autre et ça devient un nom propre.Et d'un seul coup ce film là va non seulement par ailleurs mettre pour la première fois une héroïne qui s'en sort, qui est Replay qui n'ayant n'a pas de prénom parce que le rôle était écrit sans être genré, c'était un rôle a priori plutôt écrit pour un mec et c’est Ridley Scott qui décide de caster Sigourney Weaver, c'est une femme qui s'en sort et pas parce que elle a de la force, des super pouvoirs, quelque chose qui va la transcender, juste parce qu'elle est plus intelligente.Et plus encore moi ce que je trouve formidable dans Alien par rapport à Prédator et à quel point cette mythologie nous a complètement, c'est-à-dire que moi ma mère de 87 ans quand tu dis alien elle sait ce que c'est quand je dis prédateur elle sait pas. Ce que je veux dire ce qui est passionnant c'est que aujourd'hui, mesdames souvent mesdames et messieurs aussi parfois, on dit tiens il y a un truc qui bouge un alien dans le ventre. Vous vous rendez compte à quel point la mythologie nous a marqués pour qu'elle intègre notre langage et notre discours courant pour parler d'un bébé dans un film qui va vous parler d’une maternité atroce et impossible et violente. Donc c'est dire à quel point le film nous a tous traumatisés collectivement.Et je vais rajouter une dernière chose, c'est que comme tu le disais bien effectivement cet alien il est méchant mais en fait c'est pas tellement qu'il est méchant comme le dit Ash c'est une machine parfaite il nous tue, pourquoi il nous tue ? Pas parce qu'il a envie de manger, il nous tue parce qu’on est sur la route de son cycle de vie, donc il a pas d'intention autre que de continuer à se reproduire et d'utiliser toute autre forme de vie pour se perpétrer, il n'est pas ontologiquement méchant. Qui est-ce qui est méchant dans Alien, c'est Ash c'est maman qui est méchante.Et derrière ça qu'est-ce qui est méchant c'est la compagnie ce qui est méchant c'est le capitalisme qui dit que les corps de ces soutiers de l'espace sont disposables pour faire du profit et pour utiliser, pour ramener cet extraterrestre coûte que coûte. Donc vous voyez que là d'un seul coup l'extraterrestre la figure de l'extraterrestre et la façon de filmer l'espace c'est plus les gentils luttent et les reproductions du western ou des drames antiques héroïques avec l'élu qui va tuer son père et qui va découvrir qu'il veut renverser l'empire, là c'est le capitalisme qui est méchant, ça détruit les corps. Nous sommes une toute petite espèce dans un environnement hostile et les autres espèces c'est pas des espèces rigolotes qui jouent du jazz dans une cantina, c'est des trucs qui peuvent tous nous détruire et qui peuvent détruire et violer nos corps à répétition. Wow effectivement on comprend que d'un seul coup cette mythologie là elle nous ait hantés et qu'elle soit devenue ce que c’est Alien aujourd'hui c'est à dire une véritable mythologie contemporaine.Et pour finir pour rappeler une chose, Alien est quasiment le premier monstre qui est exclusivement du cinéma. Tous les grands monstres du cinéma Dracula Frankenstein l'homme invisible les loups-garous les zombies tout ça sont issus de la littérature d'une certaine manière. Alien non, alien il est créé par le cinéma par ce film de 79 qui est une claque dans tous les sens du terme, qui va changer la façon de faire de la science-fiction, la façon de regarder l'espace, et la façon de décrire les extraterrestres.PerrineEt tout ça en une seule respiration, il a pas du tout respiré depuis le début.J’avais pas prévu que cette table ronde devienne politique.Tout le monde :Mais la SF EST politique !Vulgarisation scientifique & SFPerrineCe que vous avez en commun, c'est ce travail de la vulgarisation : tous, chacun à votre manière, que ce soit scientifiquement, que ce soit au niveau du cinéma peu importe, vous avez ce travail de la transmission ce travail de la vulgarisation. Alors moi j'ai une question pour vous, et répondra le premier qui se jettera sur un micro : pourquoi c'est si important pour vous de rendre des choses accessibles, d'être accessible d'être compris et de transmettre, pour vous c'est important ou bien vous gardez tout ça pour vous et c'est juste parce que vous avez envie de le faire ?Nicolas MartinTrès rapidement parce que j'ai fait pendant 20 ans de la radio et pendant 6 ans la méthode scientifique moi ce qui est important c'est que il y a rien de plus beau que de transmettre un savoir qu'on acquiert en travaillant, un savoir qui vient d'une pratique, j'étais enseignant aussi, et avoir une chaîne comme France Culture ou des lieux de parole. Que ce soit quand on a l'expérience merveilleuse de Claudie Haigneré qui a toujours été très bienveillante et qui est toujours venue transmettre ses expériences, quand on est sur des chaînes YouTube, quand on parle de cinéma ou quand on est scientifiques et qu'on vient parler devant le public, ce que je veux dire c'est que apprendre aux gens, partager ce côté qui était très important pour moi d'université populaire gratuite, c'est de se dire : on a un podcast on a une vidéo on est là et on vient acquérir et transmettre gratuitement le savoir. Moi j'ai juste une anecdote qui certainement correspond à, ce sont les plus jolis moments de ma vie, c'est que pendant la méthode ou après, quand j'allais sur des festivals etc et que je vois arriver des petits minots de 20-23 ans qui me disent, moi j'ai commencé à vous écouter au lycée et aujourd'hui je viens de m'inscrire en thèse d'astrophysique en thèse de biologie moléculaire etc, littéralement ça fait pleurer parce que waouh se dire que on a pu, parce que on a éveillé de la curiosité, parce que d'un seul coup vous suscitez des vocations, changer d'avis et ouvrir les gens à la curiosité au monde, c'est la plus belle chose qui puisse arriver au monde.ClaudieOui je rebondis un petit peu sur ça que je partage complètement, mais s'interroger sur ce qu'on transmet comment le transmet à qui on le transmet, parce que il y a différentes catégories, et on vous écoutant tout à l'heure moi je suis pas une férue de science-fiction j'ai découvert plein de choses. Je me disais qu'il y a effectivement là aussi plein de fils à tirer qui sont pas des connaissances déjà existantes à transmettre à partager, mais qui sont des interrogations qu'on peut avoir en commun sur les sujets. Vous avez parlé de civilisation vous avez parlé de biologie vous avez parlé de physique et de cosmogonie. Donc comment à partir effectivement de la science-fiction que ce soit le film la bande dessinée ou autre on va pouvoir tirer des fils des questionnements de curiosité pour accompagner. Donc c'est pas que de la transmission c'est aussi cette capacité à être interpellé que ce soit au niveau politique scientifique de toute nature. Et ça j'ai trouvé ça très très intéressant au-delà de l'envie de rentrer dans le film ou de pas y rentrer parce que certains étaient plutôt effrayant. Mais ça nous amène vraiment à nous poser des questions, c'est une belle façon de le faire. Je crois que c'est ça ce qu'on doit essayer de transmettre en tout cas pour rester dans la transmission, c'est la curiosité, la capacité d'émerveillement. Même si on n'a pas trop trop vu d’émerveillement jusqu'à présent dans vos discours, j'espère qu'il y a pas que des sciences fiction trop dystopiques, j'espère qu'on va retourner vers des choses qui ouvrent des horizons plus désirables. Et voilà : transmission, interpeller, dégager de la curiosité, des capacités d'émerveillement il y a plein moyen de le faire et les Mycéliades en est un super parce que je pense que ça va attirer justement des regards différents un petit peu décalés.CaptainOui non en fait dans cette transmission, pour moi la science-fiction c'est LE genre qui permet d'ouvrir l'esprit des êtres humains. Vraiment, je suis catégorique là-dessus, aucun autre genre ne permet d'explorer l'inconnu, l'altérité comme le permet la science-fiction. Quand on a parlé là d'Ennemi mind ça m'a rappelé une autre anecdote d'une série qui s'appelle Futur immédiat Los Angeles en français. Le vrai titre c'est Alien Nation qui est un bien meilleur titre. Je vous pitch rapidement : c'est dans les années 80, il y a des aliens qui arrivent sur Terre mais qui ne sont pas du tout des envahisseurs, enfin ils veulent pas nous attaquer, ce sont des réfugiés et l'humanité va essayer du coup de les intégrer à la société humaine. Et alors c'est un buddy movie entre un flic humain qui va pour la première fois avoir un coéquipier alien, un autre flic alien, et du coup ils vont apprendre là encore à devenir amis etc. Et le flic alien a une famille et il se trouve qu'un jour ils vont au mariage de la fille alien avec un autre alien et ils arrivent à la mairie et on leur dit attendez excusez-moi il y a un autre mariage avant si vous pouviez patienter deux secondes voilà et la caméra elle se porte là, je vous dis on est en 92 93 vraiment il y a très très longtemps, la caméra elle fait un petit travelling on voit l'autre mariage on voit le marié humain qui est un homme et ça se décale et on voit le marié alien qui est un homme aussi et moi ça m'avait profondément marqué. J'avais 6 ans et j’en étais pas revenu parce que j'avais pas imaginé cette possibilité, c'est-à-dire ouais j'avais 6 ans à peu près et je vois ça. C’est la science-fiction, c'est à dire nous confronter à des choses, nous mettre en plus un miroir par rapport à nos propres biais, mais vraiment nous confronter à des choses que, des idées qu'on n'avait pas peut-être pas naturellement imaginées, aussi ouvert et aussi humain qu'on puisse imaginer, c'est ça c'est nous mettre face à nos propres contradictions des fois aussi, et puis c'est en ça que moi je trouve que c'est vraiment enfin le genre le plus important qui soit.Tu peux poser la question de la dystopie de l'utopie. Du coup je m'interroge beaucoup en ce moment justement sur le rôle de la science-fiction parce qu'on a tendance à montrer des mondes extrêmement dystopiques ou en tout cas des choses très très graves et je suis en train de me demander des fois si on n'est pas en train d'arriver dans des prophéties auto-réalisatrices et qu'on ferait peut-être mieux de se rééduquer à l'utopie justement. Voilà, recommencer à rêver un peu justement pour peut-être essayer. J'ai l'impression qu'on est en train de s'auto persuader vraiment que ça ne peut qu'aller mal et peut-être que la science-fiction a un peu de responsabilité là-dedans. Il serait peut-être temps de rêver du positif de nouveau donc voilà c'était le pitch de Tomorrowland ouais exactement Tomorrowland très bon film tout à fait voilà c'est tout ce que je veux dire.https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%80_la_poursuite_de_demainPerrineEt justement cette figure de l'alien de l'extraterrestre, vous l'avez un peu dit, c'est la science-fiction en tout cas permet de réfléchir, renvoie un miroir de nos sociétés déformé, exagéré, et nous permet de réfléchir à ce qu'on vit maintenant, peut-être accélérer des changements aussi, de penser.Mais cette figure elle-même de l'extraterrestre, qu'il soit un alien qu'il soit E.T. qu'il soit peu importe, à quoi il sert aussi dans la science, qu'est-ce qu'il vient nous raconter de nous en fait ? Quand on a un alien dans un film, qu'est-ce que ça raconte ? pourquoi on l'aime tant cet alien ? pourquoi on est fasciné par lui, au-delà de faire une rencontre autre, qu'est-ce qui nous fascine tant chez ces aliens, qu'est-ce qu'on pourrait nous communiquer à travers ces aliens ?Hervé CottinCe que je voulais dire sur la transmission, c'est vrai que moi je suis dans une posture un petit peu différente parce que je suis enseignant, je suis chercheur et enseignant, donc c'est la transmission oui mais je suis pas dans de la vulgarisation, quand je suis en amphi je me considère pas comme un vulgarisateur, je dois apporter des connaissances qui sont vraiment très cadrées qui sont très très strictes, et le rôle c'est justement de rendre ces choses intéressantes et l'espace l'astronomie et même la science-fiction parce que parfois j'intègre des petits extraits de films de SF dans mes cours, ça permet justement d'accrocher l'intérêt, le regard des étudiants et leur dire voilà regardez là. Parfois par exemple je prends un extrait de Riddick : on voit ici ils sont sur une planète qui est extrêmement chaude c'est une petite planète de prison et puis voilà je leur parle de mercure à ce moment là une planète qui peut être très chaude d'un côté très froide de l'autre, et puis la notion de ce qu'est le terminateur (https://fr.wikipedia.org/wiki/Terminateur ) cette région entre le jour et la nuit, et on voit dans le film, ils essaient de s'échapper et je leur dis qu'est-ce qu'on peut déduire dans ce film de la planète donc on les voit qui courent donc c'est à dire qu'il y a une atmosphère, ça veut dire qu'ils peuvent respirer, ça permet de construire rien que sur un extrait de quelques minutes tout un discours de planétologie, c'est à dire on voit un monde imaginaire qui est décrit et puis sans critiquer le film essayer d'en sortir les éléments physiques les éléments chimiques qui nous renseignent sur la planète. Donc je pense que c'est aussi un outil de pédagogie et je pense que toute façon la plupart de mes collègues qui sont dans la recherche en Astro, je serai pas surpris que 90 95% soient à la base des fans de SF qui ont été aiguillés dans cette direction par leur amour et par leur fascination de la SF et toute la mythologie qui va autour.Nicolas MartinEt en 600 méthodes scientifiques je peux te dire que pas seulement en astrophysique, mais il y a énormément de chercheurs et de chercheuses qui sont globalement des lecteurs de SF, et ça se termine souvent dans « et alors à ce propos j'ai entendu votre émission de SF vous pourriez me conseiller un roman ou un truc » donc ça marche vraiment.Juste un truc si vous voulez me remettre juste l'image d'avant je vous montre un truc que vous ne connaissez certainement pas sur alien, vous allez partir avec un petit petit fun fact. Vous voyez cet alien qu'on voit, on est sur la scène finale du premier, et si vous regardez bien sous le dôme on voit qu'il y a un crâne et en fait il y avait un crâne à l'origine qui était prévu sur le dos mais qu'on voit quasiment jamais parce que l'alien est en permanence sous-exposée mais qui va disparaître complètement de la suite de la mythologie mais quand on voit les dessins de Giger originaux en fait il y a un crâne sous le dôme donc l’alien a quelque chose d'encore humain et dans une fin que Ridley Scott ne tournera pas mais qui est une fin initiale c'est Replay qui se fait tuer et en fait l'alien revient et d'un seul coup ouvre le Transcom commence à parler et il imite la voix de Dallas, et donc en fait l'alien c'est aussi un peu nous et c'est aussi un peu les êtres humains voilà.Parler des aliens, c'est parler de soi !ClaudieJe me disais que c'était un petit peu cette expérience d'un regard décalé qu'on pouvait avoir sur soi-même. Moi je l'ai ressenti, alors sans voir d'extraterrestres, par le hublot de la station spatiale, mais c'est vrai quand on regarde la planète à distance un regard-distance ce qu'on appelle un peu cette overview, ce regard assez global sur la planète, on change sa façon de considérer les choses par ce regard décalé, et je pense justement que l'alien c'est aussi une façon de sortir de son silo anthropocentrisme, de réfléchir toujours que ce soit vis-à-vis du végétal de tout ce qui nous entoure de le ramener toujours à notre pensée d'humain, je pense que l'alien nous force à décaler, à sortir de cet anthropocentrisme, et puis voilà d'entrer dans des possibles qu'on a envie d'explorer aussi et qui vont nous enrichir, ça nous permet de sortir un peu de nous mêmes.PerrineC'est l'idée d'aller vers l'autre aussi finalement, parce que l'alien,Claudiel'autre que l’humainPerrinec'est-à-dire un autre, une autre forme, s'enrichir de l'autre, aller vers l'autre puisqu'il est complètement différent de nous littéralement.Mais clairement. C’est ce que vous disiez un petit peu aussi tout à l'heure, Marie, en fait comme vous parlez de la planète sauvage c'est l'idée de s'enrichir de la culture de l'autre, aller vers l'autre et donc de s'intéresser aux vivants en fait, donc est-ce que le cinéma et la science-fiction c'est une manière de s'intéresser au vivant.MarieOui du coup moi c'est vrai que alien j'en parle beaucoup en conférence, je trouve que la science-fiction c'est un genre qui permet de faire des ponts avec plein de sujets, des formes artistiques mais aussi des sujets scientifiques et par exemple je fais des conférences sur le bestiaire d'Alien et je recoupe. On part d'un constat : ces créatures sont horribles, elles sont terrifiantes, elles ont des formes horribles, et en même temps dans le vivant il existe des formes de vie presque similaires ou aux capacités qui peuvent ressembler à certaines caractéristiques du xénomorphe, par exemple le xénomorphe a une espèce de mâchoire affreuse et visqueuse qui sort, et en fait si on s'intéresse aux vivants qui nous entoure, on se rend compte que par exemple la murène est dotée d'une première paire de mâchoires qu'elle peut ouvrir et fermer comme ça qui lui permettent de saisir une proie, mais elle est aussi dotée de mâchoire qu'on dit pharyngiennes ( https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A2choires_pharyngiennes ) et qui sont pareilles, c'est une seconde paire de mâchoire qui va attraper la nourriture et la tracter au fond de son œsophage, et du coup ça permet de recouper avec plein de sujets comme ça et d'élargir la vision du vivant de tout le monde.Donc je trouve que c'est des super leviers pédagogiques pour ça et de se dire waouh mais en faitc'est ouf c'est de la science-fiction c'est de la fiction ça n'existe pas ouais mais en fait. Et puis quand on voit le travail de Giger autour de l'alien on se rend compte aussi qu’il s'est basé sur des choses qui existaient aussi pour que ça soit gênant et malaisant dans le sens où c'est plausible en fait, où ça fonctionne justement sur ces espèces un peu sociales enfin le parasitisme tout ça. Enfin donc voilà je trouve que c'est un genre qui tend à la pédagogie et je trouve ça très chouette.
PerrineEn fait ce qui est chouette avec cette science-fiction qui est la thématique de ces Mycéliades, c'est que à la fois évidemment c'est du divertissement, on a envie, on est à fond dans le film, j'ai envie de dire, on est complètement passionné, mais il y a moyen d'apprendre des choses, d'aller vers autre chose, d'aller vers d'autres mondes aussi, Théo puisque c'est ça un peu ce que vous vous travaillez dans Balade mentale c'est d'aller dans l'espace, dans ces autres mondes. En fait c'est l'exploration de la science-fiction.ThéoEn fait c'est un prétexte, pas forcément, mais des fois c'est simplement un prétexte pour poser des questions ou des situations. ça me fait penser à, il y a un auteur que j'aime beaucoup mais j'ai l'impression qu'il écrit un peu toujours la même chose mais excessivement bien, qui s'appelle Robert Charles Wilson et il y a un bouquin qui s'appelle les Chronolites où en fait du jour au lendemain il y a des espèces d'énormes chroniques qui tombent sur terre et en fait il ne se passe strictement rien. C'est à dire en gros en creux on comprend que c'est une civilisation extraterrestre extrêmement intelligente on suppose dotée de toute puissance technologique, et il y a aucun échange, c'est une matière qui est imperméable et en fait à partir de là lui il développe juste la réaction que l'humanité a à l'arrivée de cette étrangeté qui ne veut pas communiquer qui est arrivée là sans intention manifeste et un peu tous ces livres trainent autour de l'idée de la possibilité que du jour au lendemain tout bascule mais il y a rien. Enfin à aucun moment il y a une créature. Et ces bouquins sont super déstabilisants je trouve.PerrineFinalement ça parle de nous aussi parce qu'en fait finalement s’ils ne demandent rien, s'il n'a aucun rapport, ce qu’on va étudier c'est la réaction de l'humain en fait. Parler des aliens c'est parler de soi.Nicolas MartinCe qui est génial chez Wilson c'est que ce concept là il va le décliner dans plusieurs bouquins, dans Spin, dans les Derniers jours du paradis, où il développe l'idée qu'en fait cette présence extraterrestre c'est l'aboutissement absolu et total de toutes civilisations et donc ce sont finalement le produit de la création humaine globalement. C'est à dire des machines auto-répliquantes qui peuvent faire de la chimie froide dans l'espace lointain et qui forment une sorte de réseau à peine conscient de lui-même mais qui véhicule tout de même la mémoire et la connaissance totale de quasiment l'histoire de l'Univers et qui à un moment donné rentre en contact d'une manière ou d'une autre avec la Terre. Et je trouve que c'est là aussi pour rejoindre ce que vous disiez Perrine, c'est l'extension de nous, c'est ce qui est à la fois radicalement différent parce que ça n'a plus rien à voir avec le vivant tel qu'on le connaît, et pourtant c'est les traces de ce que le vivant produit de plus abouti et ça je trouve que c'est une idée absolument passionnante et il faut lire Wilson le meilleur bouquin de SF du 21e siècle.PerrineEn tout cas vous l'aurez compris, il faut être curieux, curieux de cinéma curieux de jeux vidéo curieux de littérature évidemment pour ouvrir vos esprits, et aussi tout simplement peut-être vous divertir évidemment mais en tout cas vous enrichir.Les questions du public- En 1977 le CNES a créé une section très spécialisée qui s'appelle le GEPAN qui étudierait donc les ovnis, maintenant on les appelle les pans, quelle est votre opinion sur ce phénomène ?https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_d%27%C3%A9tudes_et_d%27informations_sur_les_ph%C3%A9nom%C3%A8nes_a%C3%A9rospatiaux_non_identifi%C3%A9shttps://cnes.fr/projets/geipanCaptainOn va peut-être laisser les scientifiques plutôt en parler.Pour introduire juste le truc, les pans sont une réalité, c'est à dire il y a des phénomènes atmosphériques qui existent, qui sont datés, il y a toute une étude de ça. Maintenant, et c'est pour ça que le nom a changé d'ailleurs, que ce n'est plus OVNI parce que OVNI il y avait l'aspect objet donc ça supposait une existence matérielle voire même une technologie quoi, donc c'est pour ça que maintenant c'est phénomènes atmosphériques je sais plus quoi, il y a une réalité scientifique. Maintenant tout le challenge c'est de réussir à expliquer ces phénomènes, et là bon.Nicolas MartinLa NASA vient de déclassifier aussi, on sait qu'il y a des phénomènes qu'on comprend pas, des phénomènes qu'on comprendra demain. Pendant très longtemps les farfadets, c'est à dire les éclairs qui sont au dessus des nuages et qui sont des phénomènes électromagnétiques, on a cru pendant très longtemps et ça a donné des photos.ClaudieJ'en ai vu dans l'espace.
CaptainIl y a beaucoup de témoignages d'astronautes d'ailleurs sur des phénomènes d'altitude, enfin il y a des témoins.ClaudieTu as raison de dire qu'on est maintenant dans les phénomènes, par rapport aux objets, et il y a effectivement une grande proportion de choses qui sont maintenant expliquées parce qu'on a des technologies plus performantes qui permettent de comprendre et puis encore des choses non identifiées non comprises qui le seront potentiellement sauf si Alien vient nous rendre visite.Hervé CottinEffectivement le CNES et ça c'est intéressant, effectivement il y a un organisme scientifique qui essaie de documenter qui essaie de se renseigner et de comprendre par rapport à ce phénomène. C'est vrai qu'on est souvent en but à la méthode scientifique, parce que la méthode scientifique c'est observer reproduire répliquer, et quand on a un phénomène unique qui est mal compris. Certes il y a plein de choses encore qu'on comprend pas, il y a pas de raison qu'en 2023 la science et la connaissance soient finies, et donc on peut même se réjouir d'observer encore des choses qu'on ne comprend pas et ça donne du grain à moudre aux chercheurs, mais effectivement faut pas tomber dans le biais de se dire, il y a un truc qu'on comprend pas, ça serait quand même super cool, on serait tellement heureux qu'il y ait des extraterrestres, mais justement faut pas prendre ses désirs pour des réalités, il faut rester justement, notre rôle de scientifique c'est pas d'être des bougons aigris et quoi que ce soit, c'est de se dire, ok il y a un truc qu'on comprend pas on va essayer de documenter et puis peut-être que il faudra attendre 10 ans 20 ans 100 ans pour qu'on comprenne mais c'est l'intérêt et les limites de la démarche scientifique.Nicolas MartinSi je peux plomber l'ambiance complètement parce qu'on parlait du paradoxe de Fermi. Le paradoxe de Fermi c'est dire : puisque il y a tant d'étoiles tant de galaxies avec tant de planètes, statistiquement pourquoi est-ce qu'on n’est pas rentré en contact avec une civilisation puisque statistiquement il y a de la vie ailleurs. Maintenant plus personne n'en doute, c'est pas possible qu’il n’y ait pas de vie ailleurs. Et statistiquement vu le nombre de d'étoiles et de planètes, il y a certainement de la vie évoluée ailleurs, personne n'en doute vraiment. Le problème, et c'est un problème finalement sur aujourd'hui à peu près toute la communauté scientifique astrophysique s’accorde, c'est juste un problème de distance et temps. On oublie que le système le plus proche de nous, il est à 4 années-lumière, c'est Proxima. Proxima du Centaure, ça c'est un système triple 4 années-lumière, ça veut dire qu'aujourd'hui pour dire bonjour si on dit bonjour et que les gens reçoivent immédiatement notre bonjour et qui renvoie la bonjour il faut 8 ans juste dire bonjour. On fait une conversation téléphonique un peu longue. Il faut dire que notre système solaire a 4,5 milliards d'années. Nous on émet depuis, allez, depuis 60 ans. Donc 60 ans sur 4,5 milliards d'années c'est rien du tout. Peut-être qu'il y a une planète sur Proxima du Centaure qui a eu de la vie évoluée, puis ça s’est assez mal passé puis ça a disparu. Allez même très très proche de nous il y a 10 millions d'années il y a plus personne. La chronicité, statistiquement ça s'effondre. C'est-à-dire que pour qu'il y ait dans une bulle autour de nous, des gens suffisamment proches avec qui on puisse être en mesure de communiquer ne serait-ce que par onde, même pas d'y aller puisque on peut pas se déplacer aujourd'hui à une vitesse supérieure à la vitesse de la lumière, mais on est même pas capable de se déplacer à 1 % de la vitesse de la lumière, vous allez me dire c’est technologique normalement on peut pas dépasser la vitesse de la lumière. Peut-être qu'on peut, mais bon tout ça, ça commence à faire tomber les statistiques très loin. Et donc pour qu'il y ait une civilisation qui soit capable de communiquer en même temps que nous dans un rayon pour que ce soit accessible, mais les probabilités sont malheureusement proches de zéro.Donc il y a peu de chances qu'on communique avec les extraterrestres ou qu'on voit des ovnis, sauf évidemment s'ils ont accès à des technologies extrêmement développées. Donc il reste une petite chance de ne pas dire que ce n'est pas possible. Zéro ça n'existe jamais complètement mais néanmoins les chances sont maigres.ThéoJuste pour ajouter quelque chose sur les observations prétendues d'OVNI : on peut retourner la question en se disant, est-ce que, s'ils sont capables de traverser l'espace interstellaire avec les technologies que ça demande, est-ce qu’ils ne seraient pas capables de se rendre discrets pour arriver chez nous, ou est-ce qu'ils sont là avec des gros sabots à laisser des grosses traces. Ou alors ils choisissent de laisser des traces subliminales juste pour qu'on puisse les capter sans se manifester, ça peut aussi être un intérêt de leur part mais voilà.Nicolas MartinSurtout pour faire peur à Marcel et Philippine dans leur champ quelque part au fin fond voilà malheureusement ils ont peut-être un kink sur les paysans américains je sais pas ça peut arriver à des gens très bien.ClaudieDonc on a encore vraiment besoin de science-fiction pour se projeter au-delà. Et si on revient à la science plutôt que la science-fiction, simplement pour signaler, et puis tu pourras en parler peut-être plus précisément, qu’il y a une mission sur Mars en ce moment où on essaie d'aller trouver ces biosignatures, en explorant plus en profondeur que simplement sur la surface, en train de collecter des échantillons avec des missions qui potentiellement ramèneront ces échantillons de Mars, puis comme on a évoqué tout à l'heure les lunes classées des planètes géantes, savoir que cette année avec l'Agence spatiale européenne il va y avoir la sonde Joyce qui va partir explorer justement les lunes glacées de Jupiter. Donc voilà on a aussi de la recherche et de la science, et pour ce qui est des civilisations complètes on va laisser la place à la science-fiction.Nicolas MartinEt on peut là pour le coup être assez confiant. Confiant ça veut pas dire sûr, mais confiant sur le fait que on va à un moment donné trouver vraisemblablement des traces de vie quelque part dans notre système solaire, Mars, les nuages de Vénus, les océans d'Europe ou de Ganymède ou d’Encelade. Il est vraisemblable qu’il y en ait quelque part et ça ou peut-être ou des biosignatures grâce au James Web télescope ou à l'ENT qui va être construit au Chili et trouver des petites biosignatures qui nous laisseraient entendre, qui seraient des indices mais on va rester au niveau de l'indice et on sera pas au niveau du fax quoi.CaptainMais sur l'aspect, la littérature est bien meilleure dans l'imagination de l'être extraterrestre je dirais, parce que malheureusement le cinéma pour des raisons de mise en scène de scénarisation etc on reste quand même sur des modèle un petit peu anthropomorphiques parce que, c'est ce que je reproche souvent au cinéma de science-fiction, même l’Alien qui représente une forme d'altérité quand même assez forte on reste sur un bipède avec des bras des jambes. Après il est issu aussi de la biologie humaine ça peut s'expliquer, mais en l'occurrence l'une des raisons du paradoxe de Fermi aussi c’est que là on essaye de prêter un petit peu des intentions humaines aux extraterrestres, c'est-à-dire le besoin de communiquer ou la manière même de communiquer ou même la manière même d'exister, c'est à dire que peut-être dans l'infinité de l'espace il y a des millions de civilisations, mais peut-être qu'elles n'existent pas du tout de la même manière que nous, elles ne s'expriment pas de la même manière que nous. Quand je parle de s'exprimer, je parle même pas de communication, je parle même le fait d'exprimer son existence quoi. Si ça se trouve on les a déjà vues on n'a pas remarqué ils nous ont pas remarqué on sera incapable de communiquer. Si ça se trouve on entrera en guerre ensemble sans même avoir réussi à se dire bonjour juste parce qu'on a eu peur c'est d'ailleurs la Guerre éternelle de Joe Haldeman (https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Guerre_%C3%A9ternelle ) c'est le sujet. Enfin voilà, outre le fait que déjà les civilisations si ça se trouve elles sont toutes amenées à s'autodétruire, je nous donne 200 ans encore.
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