SF ou fantastique ?

SF ou fantastique ?
SF ou fantastique ?

Aux frontières de l'humain, exposition

Une exposition proposée par le Musée de l'Homme.





Cette exposition explore les frontières de l'humain pour tenter d'en proposer une définition, des propositions de définitions, des contours de ce qu'est un être humain, par rapport notamment à ses capacités. Ici, les questions sont plus nombreuses que les réponses.

On le compare donc à d'autres choses qui d'une façon ou d'une autre lui ressemblent, afin d'en dessiner les contours.
Et on le compare principalement aux autres animaux, et aux objets et dispositifs artificiels qui augmentent ses capacités.

Cette perspective aboutit logiquement à la réflexion sur le transhumanisme.






"On ne peut parler de l'être humain sans le considérer à la fois comme un être biologique, culturel, psychologique et social"
Edgar Morin, Dialogue sur la nature humaine, 2000


L'Homme, un animal ?

Biologiquement, oui.
Les animaux sont-ils différents des hommes ? Pas toujours...
Mais il est très intéressant de regarder ce que les différentes cultures, de par le monde, ont créé sur cette interaction entre l'homme animal biologique et l'homme socialement construit, différent des animaux.






Les différents points de vue philosophiques, religieux, éthiques, anthropologiques, étiologiques, se confrontent et s'opposent, en Europe et dans le monde, depuis la fin de la vision hégémonique du judéo-christianisme. 

Le statut des animaux est également concerné, ce qui accentue les dissensions. Quel(s) statut(s) donner à des souris de laboratoire sur qui on teste des médicaments, à des cafards qu'on veut éliminer à tout prix, à des loups dont on a peur, à des boeufs dont on se nourrit, à des chats qu'on cajole ? On n'est pas prêts pour ce débat.








L'homme et la technologie : pour survivre, pour vivre, ou pour repousser les limites ?

Passer des chaussures aux baskets de sport... A la recherche de la performance.



Il est reconnu que l'entrainement physique et mental d'une personne est primordial pour l'amener au plus haut de ses capacités.

Le cyborg : le transhumanisme

Depuis la prothèse pour remplacer un membre amputé jusqu'à l'implantation de matériels dans le corps pour des raisons artistiques ou réflexives : que nous apportent le métal, le plastique, l'IA, l'électronique installées à l'intérieur de notre propre corps ? Où s'arrête le besoin, où commence le désir ? Où s'arrête le corps humain, où commence la machine ?

Les artistes, les techniciens autant que les philosophes s'emparent de ces questionnements, mais ils ne vont pas assez vite (le temps de la réflexion est un temps long) par rapport aux progrès de la technologie et son emploi par des structures (armée, médecine) qui ne veulent jamais attendre.

Le corps est atteint, volontairement ou non ; le psychologique est atteint aussi, même si la personne est volontaire. Quelles conséquences sur le psychisme ? On ne fait que commencer à travailler là-dessus. Encore une fois, la technologie va trop vite ! Même si les prothèses médicales sont bien sûr une bénédiction.




Le Manifeste cyborg de Donna Haraway : le cyborg est un être sans frontières ni limites.


Un être sans frontières ni limites peut-il toujours être un être humain ? 


Le transhumanisme version médicale






Et l'art pointe le bout de son nez : la médecine tente de guérir le corps en le changeant, l'art s'occupe de guérir l'âme. 







Le corps malade, amputé, peut être en partie réparé par la médecine, mais l'intention ne s'arrête pas toujours à la seule réparation. Très vite, l'enjeu peut devenir performatif.





Et on arrive très vite au fameux exosquelette, qui fait rêver autant les médecins, les artistes plasticiens, les cinéastes que...  les armées.








D'autres tentatives partent un peu dans tous les sens, mais peuvent aussi poser des questions intéressantes.







Le corps n'est plus seulement couvert de prothèses, il est maintenant connecté. Notamment via les smartphones. C'est la connaissance du cerveau humain, des neurones, de l'IA qui est en jeu ici. Et c'est effrayant autant que fascinant. Jusqu'où irons-nous dans cette voie ? Serons-nous toujours humains à la fin ? Saurons-nous déterminer à quel moment nous cessons d'être humains ?

Heureusement que la SF se pose ces questions-là depuis déjà plusieurs décennies...





"A quel moment, à force d'échanger, de transformer, de modifier nos organes, cessera-t-on d'être humain au sens où nous l'entendons aujourd'hui pour passer à autre chose ?"
Daniela Cerqui in "Daniela Cerqui, anthropologue aux frontières du réel", RMS, 2009.

"La barrière du corps est symbolique. La franchir ouvre des questions nouvelles en termes d'identité, de dépendance, de fusion entre le vivant et la machine."
Jacques Testart, Agnès Rousseau, Au péril de l'humain, 2018



Et le libre-arbitre du cyborg ? La place de l'IA dans l'humanité du futur ? Nous dirigeons-nous vers Terminator et Robocop ? Qui domine qui, qui se sert de qui ?


Pour l'instant, l'IA pour nous, c'est l'équivalent de rentrer son adresse d'arrivée dans son GPS.
Et après ?








La génétique : les mutations, les biotechnologies, et l'eugénisme...

Supprimer les maladies génétiques graves, ou dériver vers l'eugénisme ?





Les connaissances en matière de génétique et de biotechnologies progressent très vite elles aussi. Si on peut détecter les éventuelles maladies génétiques d'un embryon, on peut aussi détecter d'autres traits génétiques, comme la couleur des yeux. Jusqu'où peut-on aller dans ce "nettoyage" génétique ? Tout sera bientôt permis par la technologie, donc la limite sera éthique.

Quand je vois que l'échographie sert à éliminer les filles dans certains pays, sans que ça indigne beaucoup les Occidentaux, et la montée des fascistes, je pense que les limites seront très vite atteintes et dépassées, et que l'éthique sera à géométrie variable...








Et maintenant, qu'est-ce qui nous attend ? 


"Nous sommes technologiquement triomphants, mais culturellement défaillants".
Edgar Morin, tweet, septembre 2016

"Nous ne sommes pas extérieurs à la nature, nous sommes la nature. Nos corps sont d'extraordinaires écosystèmes, inextricablement liés à l'ensemble du vivant."
Cyril Dion, Petit Manuel de résistance contemporaine, 2018


Nous sommes en plein Anthropocène, ou Capitalocène, période de l'industrialisation, de la mondialisation, de la consommation de masse, des produits synthétiques et de la pollution de masse. L'unique but est la croissance, d'où un déséquilibre dangereux.

Et si on tentait d'autres modèles, pour la société humaine dans le vivant ?




Cela me fait penser au travail mené par Dominique Méda, que j'ai pu écouter lors du festival des idées 2021 sur la question "Réparer le futur : on commence par où ?". Elle travaille sur le travail, l'économie, l'égalité femmes-hommes, le développement durable, les problématiques de croissance et ses enjeux sociétaux et environnementaux. Elle pose la question : d'autres modèles que la croissance économique et industrielle à tout prix sont-ils envisageables ? Et la question devient une sorte d'ultimatum pour l'ensemble des sociétés humaines : la croissance actuelle n'est pas tenable à moyen terme. Qu'on aime ce modèle ou pas, nous serons bientôt obligés d'en changer.

Croissance, décroissance, post-croissance ? Epanouissement ? Tout reste à construire. 


Une exposition un peu dispatchée sur différentes thématiques très éloignées l'une de l'autre, mais qui ouvre de vrais questionnements sur l'identité et le futur de l'humanité.


Création : 29/05/2022

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